Ondoua Mehdi : «Oui, l’entrepreneuriat changera l’Afrique !»
S’il y’a une mode en Afrique qui a le vent en poupe, c’est bien celle de l’entreprenariat. Il n’y a qu’à voir le nombre de plus en plus croissant de conférences autour du thème, de séminaires, d’incubateurs, de programmes politiques, d’articles et vidéos, de médiatisation dans les réseaux sociaux relatant la success-story d’un jeune africain parti se chercher en Europe ou en Amérique et revenu participer au développement de son pays, etc…
Plus un seul jour ne passe en Afrique sans qu’on nous ressorte le même refrain : l’entreprenariat est l’avenir du continent !
D’abord, c’est quoi entreprendre ? Alors que le Larousse définit le mot comme le fait de commencer à exécuter une action, en général longue ou complexe, la source étymologique latine « inter prehendere » nous apprend qu’entreprendre, c’est saisir avec la main et plus explicitement saisir pour maitriser. Et dans un continent lassé des promesses de changement, de croissance en passant par la création de millions d’emplois, entrepreneuriat prend véritablement tout son sens car aujourd’hui plus que jamais, l’homme africain doit prendre son destin en main et en être le maître.
Et dans une Afrique qu’on continue de nous vendre comme ce continent où ne règnent que la misère, la sécheresse, les maladies, les coups d’Etat, le terrorisme et où l’on devrait bientôt apprendre à sortir de nos maisons avec une ceinture de sécurité parce que la sécurité ne cesse de se dégrader, ce qu’on ne vous dit pas, c’est qu’il y’a une nouvelle génération de jeunes qui émerge, des jeunes qui sont fous, des jeunes qui sont affamés, des jeunes qui sont rêveurs et entrepreneurs parce que entreprendre, c’est avoir le courage de faire de ses rêves une réalité.
Mais l’intuition négative veut que nos espoirs et nos défis soient freinés par la réalité actuelle.
L’intuition négative c’est cette voix qui vous dira que l’Afrique a d’abord de vrais problèmes à régler : l’accès à l’eau potable et à l’électricité, à une meilleure éducation, à de meilleurs soins de santé, à de meilleures infrastructures, etc…
L’intuition négative c’est cette voix qui vous dira que nos pays ont davantage besoin d’enseignants, de médecins, de policiers bien formés au profit de l’intérêt général que de simples chefs d’entreprise, oubliant que « les entreprises créent de la richesse en faisant des profits qui sont ensuite redistribués aux emplois qu’elles créent (salaires), aux actionnaires (dividendes) ou à l’État (taxes et impôts) ».
L’intuition négative c’est encore cette voix qui vous dira que la primauté du changement revient à l’action publique, aux leaders politiques qui offrent l’entreprenariat comme porte de secours aux chômeurs, se déresponsabilisant ainsi de la promesse électorale qui est le plus souvent de leur trouver un emploi. Et ceci est d’autant plus vrai quand on sait que 60% des chômeurs en Afrique ont moins de 25 ans. Alors que faut-il retenir de toute cette réalité négative ? De ce qu’on peut facilement nommer « crise » ?
Le mot crise en chinois mandarin se dit « weiji ». Ce mot est composé de deux caractères : « wei » qui signifie danger et « ji » qui signifie opportunité ou encore occasion. Pour l’africain, les prochains enjeux du continent seront le lieu de la rencontre entre le danger et l’opportunité comme le danger qui résiderait dans le fait d’attendre une intervention de l’Etat et à ce moment être presque sûrs de ne jamais travailler. Ou bien, comme l’occasion de créer lui-même son emploi pour subvenir à ses besoins, l’occasion d’entreprendre.
D’ici 2050, un quart de la population mondiale sera africaine. De nouveaux problèmes, plus grands, surgiront. Mais de nouveaux besoins aussi et dans chacun de ces besoins, une opportunité, celle d’apporter une solution à ces problèmes et de répondre à ces besoins, celle de créer votre entreprise parce qu’entreprendre, c’est refuser de croire en l’impossible.
Parce qu’entreprendre, c’est donner vie à son destin.