Alors que la corporation s’attendait à des dispositions pour améliorer l’exercice de la profession de journaliste au Gabon, il ressort que le nouveau code de la communication, présenté ce 29 novembre 2016 à Libreville, au cours d’une conférence de presse animée par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nzé, s’évertue plus à restreindre les libertés de la presse. Et semble faire la part belle de ses ajustements aux médias indépendants.
Classé comme pays à « problème sensible » à la 100ème place, par le rapport sur la liberté de la presse effectué par l’ONG Reporter sans frontière, le Gabon semble ne pas vouloir se débarrasser des démons de la restriction de ce droit fondamental. C’est du moins l’analyse que l’on peut faire de certaines dispositions du nouveau code de la communication présenté par le ministre de la communication.
En effet, l’une de ces dispositions, évoque désormais la responsabilité pénale du journaliste suite à un article qui serait jugé injurieux, malveillant ou diffamatoire, ce qui on peut l’imaginer contraindra ce dernier à une sorte d’autocensure au risque de passer par la case prison. En outre, l’article 180 indique aussi que « l‘éditeur, l’imprimeur, le distributeur, l’hébergeur ou le diffuseur sont solidairement responsables des délits commis en matière de communication » a expliqué Bilie-By-Nzé.
On constate que ces résolutions rentrent en totale contradiction avec les déclarations du gouvernement, qui il y a quelques années suggérait une dépénalisation des délits de presse. Elle montre une volonté des autorités de brandir au-dessus des têtes des journalistes une épée de Damoclès, pour ceux qu’ils jugeront ne pas rentrer dans le moule.
L’autre disposition qui suscite des inquiétudes, le statut des personnes vivant à l’étranger. Ainsi, pour le ministre de la communication, « quelqu’un qui réside hors du Gabon ne peut pas être directeur de publication d’un organe de presse et ne peut pas régulièrement écrire dans un organe de presse », une position jugée « absurde, car on ne perçoit pas l’importance de prendre une telle mesure », s’est exprimé un journaliste. Elle est d’ailleurs aux antipodes des normes démocratiques et au-delà, du contexte de mondialisation dans lequel on évolue.
Enfin, l’autre mesure qui déconcerte, l’obligation faite au journaliste d’utiliser un seul pseudonyme, et de déposer celui-ci au Conseil national de la communication (CNC) afin de pouvoir identifier le journaliste en cas de poursuites. Cette disposition est d’ailleurs sans équivoque, il s’agira désormais de traquer les journalistes, ou peut être même pire.
En conclusion, il est clair que le gouvernement en faisant voter ce code de la communication, n’a qu’un seul objectif, celui de bâillonner une corporation dont la plupart des membres sont critiques à leur égard.