
Le décès l’ancien Directeur général des Impôts Michel n’a pas fini de susciter des réactions au sein de l’opinion mais aussi de ses proches. La dernière en date est celle du Député du 1er arrondissement de la commune de Mouila Serge Maurice Mabiala, qui dans une tribune a tenu à rendre un hommage à celui qui aura été son chef hierarchique au sein de l’administration des impôts. Ci-dessous l’intégralité de son hommage.
« Ce matin là dès le point du jour, nous nous sommes tous réveillés devant une mauvaise nouvelle, un enfant du pays venait de disparaître…
C’est avec une profonde tristesse et un infini respect que je m’incline devant la mémoire d’un homme qui fut pour moi tour à tour et sans détour : un patron, un père, un frère ainé, mon confident, mon Ami…
Je révère la mémoire d’un homme d’exception, par son incomparable humilité, sa simplicité, sa fraternité, sa maîtrise de lui même, son aura…un homme de la ville, moderne, tout aussi armé d’une profonde sagesse rurale. Un Homme à la fois polaire et tout aussi chaleureux dans le confort de la proximité. Un Homme des deux mondes, toujours entre modernité et tradition. Respectueux des us et coutumes qui irriguent notre identité, respectueux des puissants sans servilité, respectueux des humbles sans nulle arrogance, ni vanité…perclus d’empathie et d’un caractère bien trempé.
Un Homme, respecté de tous…parce que absolument exemplaire, d’une discrétion monastique, d’une humilité sans rivale, d’une fraternité vigilante et d’un courage insoupçonné.
J’abdique mon imperfection bien humaine, devant la mémoire d’un Haut fonctionnaire, d’un commis de l’État, imprégné du caractère vertueux du droit en ce qu’il comporte la promesse de la république. Oui, cet Homme fut un républicain et un grand patriote au service de notre État, de notre pays, de tous sans nuances, sans sectarisme étroit, les polychromies identitaires lui étaient étrangères.
Grand administrateur bénédictin, impassible, sans cesse escorté de deux principes au service de l’intérêt général, deux maîtres mots : Légalité et Égalité. Légalité de l’intervention publique, égalité de tous devant le service public de tous… Il parlait peu et travaillait beaucoup, chose quelque peu rare dans le Gabon de ces temps présents. Et quand il lui arrivait de moquer la sottise humaine, il le faisait avec mille précautions prudentes et confidentielles… avec une élégance inouïe…qui dénonçait sa profonde intelligence.
Sa contribution à la modernisation et au progrès de l’administration des finances de notre pays est peut être aperçue, peut être méconnue, mais assurément d’une profondeur certaine. Point n’est besoin d’en faire l’inventaire tant cet exercice exigerait une propédeutique. Mais chacun doit lui créditer les nombreux progrès des services dont il eut la charge.
Vent debout devant les organisations financières internationales, il ne perdait pas un seul instant, l’intérêt supérieur de son pays. Il ne transigeait que pour préserver l’intérêt général, l’intérêt du Gabon et des gabonais, ses compatriotes, ses frères et sœurs au service des quels il ne mesurait pas sa disponibilité.
A son école, et dans son ombre tutélaire, nous avons tout appris de l’exercice de la responsabilité au service des autres. L’exercice de la responsabilité contextualisée, ce que l’école des volcans, celle d’ailleurs, ne nous a jamais appris.
A son école d’ici, notre admiration, notre respect n’ont jamais tari…praticien de l’autorité, la sienne était d’abord naturelle. Sa compétence faisait autorité et était structurante.
Il ne fut jamais Ministre. Discret mitoyen du Prince et commensal occasionnel des puissants, il ne fut jamais un courtisan exalté, pour autant. C’est à dire un animal amphibie qui réunit tous les contrastes, ainsi que Nabuchodonosor en fit le rêve et le dépeint…Il dédaignait les sinuosités florentines et obséquieuses. Il détestait les basses vibrations de la politique et ses obscures figures composées, ses reptations et sordides catacombes. Il n’était l’Homme d’aucun camp, ses actes étaient posés dans le grand esprit de la responsabilité de sa charge. Toujours dans la voie du milieu…
Et s’il eut jamais un camp, ce fut alors celui de Dieu qu’il servit avec une foi profondément intime…et jamais bigote. Et ici bas, ce fut le camp des gabonais, ses compatriotes !
C’est pourquoi, j’invite chacun de nous à saluer avec respect la mémoire d’un Homme d’État mais également celle d’un Homme de l’État. Avec la disparition de Monsieur Michel MPEGA, que les gabonais sachent qu’ils perdent un enfant du pays, un commis de l’État au service de tous…un Homme d’exception.
Avec la disparition de Monsieur Michel MPEGA, j’invite tous les membres de son corps de métier dont il était si fier, à saluer avec respect et reconnaissance, ce qu’il fit pour le rayonnement de notre corps au service de l’État et qu’il s’interdit de clamer publiquement tant l’homme ne prenait jamais la lumière…jamais…
Michel, c’était notre Grand Patron, notre Chef… Un homme absolument généreux. Dieu parle aux hommes à voix basse. Michel était doté d’une capacité d’écoute peu commune. Quand, des confins désolés des péripéties humaines, la détresse l’appelait à l’aide, il cernait avec une grande clarté d’esprit les affres et tourments qui agitaient l’âme de son interlocuteur désorienté. Et là, une main de velours fraternelle, pausée sur l’épaule de la peine ou de l’affliction, il réconfortait, rassurait et de sa voix grave et sereine qui exhalait la paix, il apaisait, il communiquait l’espoir… l’espérance… et chacun repartait réconforté.
Car Michel, Homme de parole, ne reprenait jamais la sienne. Il la respectait sans varier…d’une inoxydable courtoisie dans tous les instants, il passait entre les gouttes d’une adversité bureaucratique pluvieuse…maître de ses horloges, il apprivoisait le temps et en faisait un allié sûr. A la fois proche et distant, lui seul savait placer le curseur au bon endroit…naturellement…
C’était Michel, c’était notre Grand…un vrai Grand… que nous aimions tant, que nous respections tous, que nous craignions aussi…tous… une autorité naturelle dépourvue de tout autoritarisme borné. Un Homme équilibré, un Homme d’équilibre… Et s’il fit des choix dans sa vie, ils furent humains. Chacun en est pour sa conviction, mais le respect de ses choix est notre dette à tous devant sa liberté.
Entourons sa famille de toute notre profonde affection et disons lui que nous sommes tous avec elle dans cette douloureuse épreuve partagée.
Un Homme de bien, un Homme de paix, un Homme de foi. Un Frère, un Père, un Juste, a lâché prise face à la bête immonde…a-t-on manqué de vigilance quand le destin frappa à sa porte ? La gorge nouée, le sanglot pudique, chacun de nous peine à trouver une réponse, chacun de nous se souvient puis s’emmure dans le silence de nos moments partagés… étouffant sous les sanglots longs d’un automne des adieux. On en voudrait au destin de nous l’avoir arraché, trop tôt, trot vite… toutes ces années encore à vivre…à vivre au milieu de nous.
Faisons nous sentinelles de la mémoire d’un Homme que nous avons connu, apprécié et tant aimé. Faisons le tous ensemble pour Michel, dans la fraternité et la concorde, rendons lui les hommages de l’incomparable affection et générosité qu’il a sans répit témoigné à tous et dans le souvenir de la part d’amour et de fraternité que chacun a reçu.
Que la terre de notre pays à tous, son pays tant aimé, le recouvre désormais tel un linceul de coton près de ses ancêtres. Qu’elle lui soit à jamais légère…
C’était MICHEL…j’ai perdu mon Maître, j’ai perdu mon Ami…Aaah Seigneur mon Dieu !
A moi mes frères, vite le mot substitué… !
Vanitas vanitatum e omnia vanitas dixit Ecclésiaste…
Serge Maurice MABIALA
Député du 1er siège-Conseiller municipal
Commune de Mouila »