Dans une lettre à l’endroit des fonctionnaires du Gabon, Louis Patrick Mombo, leader syndical, interpelle ses collègues sur les raisons de la grève générale lancée par Dynamique Unitaire avant de leur demander d’arrêter de tergiverser et procéder à la paralysie générale de l’administration gabonaise jusqu’à satisfaction des révendications. Ci-dessous l’intégralité de la lettre.
Chers agents de l’Etat!
Voici que l’histoire nous rattrape. Combien de temps avez-vous encore besoin pour comprendre que nous avons à la tête du pays, un gouvernement de mythomanes ?
Plusieurs engagements ont été pris par ce gouvernement devant les partenaires sociaux. Malheureusement, ces engagements ne sont pas respectés. Ainsi, nous attendons : la construction des établissements scolaires équipés en matériel didactique pour juguler le phénomène d’effectifs pléthoriques et atteindre le ratio de 35 élèves par classe selon les états généraux de 2010 ; le paiement des rappels soldes depuis le 31 décembre 2014 ; le paiement de la PIP du 2ème trimestre 2015 depuis juin 2015 ; le paiement des cas d’omission de la Pife depuis mai 2015 ; l’organisation du concours interne d’entrée à L’E.N.S prévue pour les 24 et 25 juin 2016 mais reporté sine die par le ministre de l’Education nationale dont la seule réponse aujourd’hui est: « ça va se faire », mais quand ? L’année file petit à petit à son terme.
A l’âge de 50 ans, il n’est plus possible de passer ce concours; les vacations du Bac 2016 ne sont toujours pas payées et plusieurs cas d’omission en ce qui concerne les vacations du CEP et BEPC 2016… Malgré tout cela, plusieurs enseignants au lieu d’observer la grève générale illimitée de la Conasysed lancée depuis le 31 octobre 2016, préfèrent aller dans les classes pour sauver les bouts de pain et l’année scolaire.
C’est comme si au CEN, à l’ENI et à l’ENS, les enseignants étaient formés uniquement pour sauver les années scolaires pourries. Ces types d’enseignants sont des génocidaires de l’école gabonaise au même titre que le gouvernement qui privilégie la Can à l’école gabonaise agonisante. Sur le plan général, en dehors des rappels et de la PIP du 2ème trimestre 2015 dont le paiement se fait toujours attendre, les pensions retraites des agents de l’Etat ne sont toujours pas revalorisées, le nouveau cadre de gestion de la main d’œuvre non permanente tarde à voir le jour, les services rendus ont été supprimés… bref, l’agent de l’Etat broie du noir aujourd’hui.
Comme si cela ne suffisait pas, plusieurs autres taxes impôts vont être prélevées sur les salaires des agents de l’Etat dès 2017. Aujourd’hui, 936 agents de l’Etat sont sur bons de caisse parce-que l’Etat, semble t-il, veut réaliser des économies. Les motifs avancés ne sont pas convaincants car nous attendons toujours la publication des résultats de l’audit de la fonction publique, le paiement des droits à ceux qui avaient sollicité les départs volontaires. Alors, trêve à la distraction et de plaisanterie. La vraie raison, l’Etat gabonais étant en difficulté économique et financière veut réduire les effectifs de la Fonction publique. Face à tout ce qui précède, agents de l’Etat, à l’instar des enseignants, des magistrats, des greffiers et autres actuellement en grève, plus de tergiversations. L’heure est à la paralysie générale de l’administration gabonaise jusqu’à satisfaction. A bon entendeur, salut. « Celui qui combat peut perdre, celui qui ne combat pas a déjà perdu » (Bertold Brecht).
Louis Patrick Mombo
SG Sena, Délégué national administratif de la Conasysed,
SG de Dynamique Unitaire