L’OPAM exige la levée des sanctions contre L’Aube et son rédacteur en chef

Faisant suite aux sanctions infligées par la Haute autorité de la Communication (HAC) à l’hebdomadaire L’Aube et à son rédacteur en chef Orca Boudiandza Mouele soit 3 mois d’interdiction de parution pour le journal et 6 mois d’interdiction d’exercer pour le journaliste, l’Organisation patronale des médias (OPAM), a dans un communiqué parvenu à la rédaction de Gabon Media Time tenu à condamner les sanctions répétées à l’encontre de la presse indépendante synonyme de censure.
« Le 9 Novembre 2018, la Haute Autorité de la Communication (HAC) a suspendu une fois de plus, une fois malheureusement de trop, l’hebdomadaire « L’Aube », qui écope d’une interdiction de paraître d’une durée de trois mois. Son Rédacteur en chef, Orca BOUDIANDZA MOUELE écope illégalement d’une sanction qui lui interdit d’exercer sa fonction durant une période de six mois. Ces sanctions font suite à la publication, par ce journal, d’un article lié à l’état de santé du chef de l’Etat Gabonais, Ali BONGO ONDIMBA.
L’OPAM dit à nouveau son indignation à la suite de ces nouvelles mesures d’atteintes à la liberté de la presse au Gabon par l’autorité de régulation qui, en moins de six mois d’existence, s’est montrée extrêmement répressive vis-à-vis de la presse libre en ayant la main lourde sur les journaux « Echos du Nord » qui a déjà écopé de deux sanctions, d’un (1) mois chacune ; « La Loupe » deux sanctions, d’un (1) mois chacune et « L’Aube » qui vient de passer à la trappe, avec une suspension de (3) trois mois. Des sanctions étendues à la presse étrangère à l’image de France 2 (trois mois), Vision 4 (six mois) et SatCon (six mois).
De fait, au regard de ce palmarès peu reluisant pour notre pays, l’OPAM exhorte à nouveau le Président de la HAC et son équipe à ne pas verser systématiquement dans la répression aveugle pour ordonner un secteur sensible certes, mais qui a besoin d’être accompagné au lieu d’être martyrisé ou terrorisé.
En ayant systématiquement recours à la sanction de suspension des journaux, la HAC, à terme, est en train de participer à la mort de nombreux titres, mais aussi à tirer la corporation vers le bas, la peur de la sanction pouvant pousser les acteurs du secteur à l’autocensure et par conséquent à produire un produit indigeste pour les lecteurs. Nous ne l’accepterons pas.
L’OPAM a montré toute la bonne volonté de travailler avec la HAC dans un climat de confiance mutuelle et de compréhension, et à même de contribuer à sa mise en place, ceci au nom de l’intérêt de la liberté de la presse et de la réputation du Gabon. Nous constatons que la HAC plutôt que de répondre à cet esprit d’ouverture s’enferme dans la voie de la censure pour la censure.
L’OPAM ne saurait donc plier l’échine devant cette manifestation de l’arbitraire et de la destruction d’un pôle qui assure la vitalité d’une démocratie vacillante certes, mais à préserver à tous les prix : la liberté de la presse. Celle de dire sans peur. Tout comme elle ne saurait rester insensible devant cette nouvelle censure d’un organe de presse.
Aussi, tout en exigeant que les sanctions, qui frappent « L’Aube » et notre confrère Orca BOUDIANDZA MOUELE, soient levées, l’OPAM, se réserve le droit d’entreprendre des actions allant dans le sens de la préservation de l’état de droit et de la liberté de la presse. Enfin, elle interpelle la communauté nationale, internationale et les organisations de protection des journalistes et attirons leur attention sur la dérive autoritaire et la subjectivité qui tendent à devenir la norme au sein de la HAC. Aucune loi en République Gabonaise, n’autorise la HAC à sanctionner un journaliste dans l’exercice de ses fonctions. »
Fait à Libreville, le 13 Novembre 2018
Guy Pierre BITEGHE