Tribune

Lettre ouverte de la jeunesse à la Cour Constitutionnelle Gabonaise

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Dans une lettre parvenue à notre rédaction ce 15 septembre 2016, journée internationale de la Démocratie, des jeunes gabonais ont pris l’initiative d’écrire aux 9 sages qui composent la Cour Constitutionnelle. Laquelle est d’ailleurs emmenée à connaître du contentieux électoral dont le verdict est attentu au plus tard le 23 septembre prochain. In extenso, l’intégralité de la lettre.

Lettre ouverte de jeunes gabonais à la Cour Constitutionnelle Gabonaise

Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les juges,

Le 8 septembre 2016, vous avez été saisis afin de statuer sur la régularité du scrutin présidentiel en date du 27 août 2016 au cours duquel le peuple gabonais désireux d’appliquer le principe « Gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » inscrit à l’Article 1er de la Constitution dont vous êtes garants, s’est levé en masse afin de faire entendre sa voix dans le cadre du processus démocratique.

Nous ne souhaitons pas ici revenir sur les évènements qui ont ponctués les jours ayant suivis cette élection, ni même attirer votre attention sur les violations répétées des Principes et des Droits Fondamentaux Constitutionnels qui ont été, sans conteste, relevées sur le territoire d’une République Démocratique dans laquelle l’Article 1er susvisé garantit « la liberté de conscience, de pensée, d’opinion, d’expression, de communication » et dispose que « Nul ne peut être humilié, maltraité ou torturé même lorsqu’il est en état d’arrestation ou d’emprisonnement».

Toutefois, à ce moment précis de l’histoire, nous souhaitons attirer votre attention sur votre devoir envers la République Gabonaise, envers nous et envers tous les citoyens gabonais des générations présentes et futures.

En effet, chacun d’entre nous, a accompli son devoir citoyen en votant et chacun d’entre nous entend assumer son « devoir de défendre la patrie et l’obligation de protéger et de respecter la Constitution, les lois et les règlements de la République » en tant que citoyen respectueux des dispositions de l’Article 1-21 de la Constitution.

Aussi, nous vous implorons d’accomplir, vous aussi, votre devoir et de respecter le serment solennel que vous avez prêté lorsque vous avez accepté de rejoindre la plus Haute Juridiction de l’Etat en matière Constitutionnelle, juge de la régularité des élections : « Je jure de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge dans le strict respect de ses obligations de neutralité et de réserve et de me conduire en digne et loyal magistrat ».

Neutralité, réserve, dignité et loyauté. Soyez neutres face à ceux qui mettent en œuvre toutes sortes de stratagèmes pour conserver ou obtenir le Pouvoir ; soyez réservés lorsque l’émotion et la peur biaisent votre jugement ; soyez dignes et ne prenez aucune décision qui pourrait une fois révélée, entacher de honte et de déshonneur, la Cour, vous, votre famille, votre Nation ; soyez loyaux, non pas envers vos familles, votre communauté, vos intérêts, vos passés mais envers la Constitution, la population, le Gabon, notre avenir.

Madame la Présidente, depuis 23 ans, vous avez faits des choix qui peuvent être et ont été discutés, critiqués et voyez aujourd’hui votre nom traîné dans la boue par certains. Vous avez été témoin de la perte totale de confiance des Gabonais en votre Cour et en votre jugement. Saisissez l’opportunité qui vous est donnée de changer ce qui sera retenu de vous par les générations futures.

Rappelez-vous que ce que vous faites ne saurait être défait car il ressort de l’Article 92 de la Constitution que « les Décisions de la Cour Constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours », rappelez-vous aussi que malgré les pressions que vous pouvez subir et tout ce que leurs auteurs ont pu vous faire croire au fil des années, la Loi fondamentale de l’Etat est claire lorsqu’elle rappelle que vos décisions « s’imposent aux pouvoirs publics, à toutes les personnes physiques et morales».

Vous avez la chance de prouver non seulement au monde mais également à vos enfants respectifs et à vous-mêmes qu’il est possible de croire en nos institutions et en ceux qui y siègent, que vous, pères et mères de ceux qui sont l’avenir du Gabon, êtes à même de choisir la vérité lorsque vous êtes confrontés au mensonge, de choisir l’intérêt collectif lorsqu’est menacé votre intérêt personnel et de rester forts en tout temps.

Votre honnêteté sera votre bouclier. C’est en accomplissant votre devoir avec intégrité que vous serez respectés et sauvés. C’est en respectant la Constitution, les lois et les règlements qui fondent votre pouvoir que vous pourrez voir vos noms passer à la postérité et être à l’origine de lignées de Gabonais fiers d’avoir vu leur choix et leurs droits respectés.

Nous sommes le 15 septembre 2016, Journée Internationale de la Démocratie, envisagée par l’Organisation des Nations Unies comme l’occasion de réexaminer l’état de la démocratie dans le monde. Cette organisation rappelle que la démocratie est un processus autant qu’un objectif et que seule la pleine participation et l’appui de la communauté internationale, des organes de gouvernance nationaux, de la société civile et des individus, permettront de faire de l’idéal démocratique une réalité universelle.

Dans ce cadre, nous voulons partager avec vous un rêve qui vit et mûrit en nous depuis que nous avons atteint l’âge de raison. Un rêve d’un Gabon fort, fier et indépendant, libéré de l’oppression et envié par tous les peuples. Nous rêvons tous, aujourd’hui et encore plus que jamais, d’un Gabon uni dans le travail et la justice, Justice que nous vous demandons de nous donner.

Nous avons espoir que vous saurez être les dignes héritiers des Hommes qui ont luttés pour la liberté de l’Afrique et que vous serez inspirés par leurs sages paroles.

Comme Nelson Mandela chacun d’entre nous vous dit : « J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et que j’espère accomplir. Mais si nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir » et espère que vous rappelant Thomas Sankara, vous nous répondrez : « Je préfère faire un pas avec le peuple, que cent sans le peuple».

Aujourd’hui vous détenez entre vos mains, tous les éléments pour changer le cours de l’Histoire de tout un peuple, votre peuple, et quelle que soit votre décision, il conviendra de l’assumer devant Dieu et la Nation car nous n’oublierons jamais. Il vous revient désormais de choisir ce que l’on retiendra de vous dans les livres d’Histoire.

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