Porte-parole de Jean Ping, Laurence Ndong est sans aucun doute une des révélations de la dernière présidentielle. Pasteur, docteur en didactique des sciences enseignante, experte en approche genre et développement, conférencière, écrivaine, présidente du VEDAP et de l’Association Joseph, elle est une femme engagée et actrice de la résistance depuis Paris, épicentre de la contestation de la réélection d’Ali Bongo le 31 août dernier. Nous l’avons contacté et nous nous sommes entretenus avec elle sur les questions de l’heure.
Nous entamons le 15 ème week-end de manifestations à Paris contre la réélection d’Ali Bongo Ondimba, pensez-vous que la mobilisation soit toujours la même aujourd’hui? Les manifestations de Paris et d’ailleurs au sein de la diaspora portent-elles des fruits?
La résistance des gabonais de l’étranger est évidemment à saluer et ce d’autant plus que personne n’avait misé sur une telle détermination, certainement pas la junte qui a orchestré le coup d’état militaro électoral qui est entrain d’être mis en échec.
Cette mobilisation pourrait s’amoindrir avec le temps ce qui serait tout à fait normal. Elle a déjà battu tous les records. Mais, il y a une réflexion et des actions sont en cours pour maintenir la flamme de la protestation allumée. De toute façon, les actes répressifs et répréhensibles de la junte de BOA, comme l’arrestation d’élèves qui réclament des table-bancs sont là pour nous rappeler qu’il ne faut surtout pas baisser les bras.
Les actions de La Diaspora portent des fruits. Ali bongo et ses sbires ne comptent que sur une communication mensongère pour se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas. Notre action rappelle au monde entier qu’ils ne sont que des menteurs, des voleurs, des personnes sans vergogne et sans aucune dignité.
Quel impact a eu le passage de Jean Ping dans les mouvements de contestation de Paris?
Le passage du Président a rebousté les troupes. Il a montré une fois de plus qu’il est bien le Président élu par le peuple gabonais. Il a réaffirmé qu’il ira jusqu’au bout.
Hormis les marches, d’autres actions sont-elles entreprises en vue d’obtenir le respect de la voix des urnes?
Lorsque vous étudiez les révolutions pacifiques qui ont réussi, on vous dit qu’il 220 actions non violentes qui peuvent faire tomber un dictateur. Vous les trouverez sur le site internet de la Fondation Einstein. Les marches sont l’une de ces méthodes, il reste 219 à explorer.
Quelle est votre position sur la participation ou non de l’opposition aux législatives? Ne pensez-vous qu’une situation de cohabitation c’est à dire avec Ali Bongo à présidence et une opposition majoritaire à l’assemblée peut aider à renverser la donne?
Je crois qu’il faut bien distinguer le contexte. Ne pas aller aux législatives quand un pouvoir est en place, c’est une chose. C’est en effet Lui laisser le champ libre pour faire tout ce qu’il veut.
Mais dans le cas du Gabon aujourd’hui, nous sommes en plein coup d’état militaro électoral par une junte qui vient de confirmer il y a à peine 3 mois, qu’elle ne respecte pas le bulletin de vote des gabonais.
Ce pouvoir est illégal et illégitime. Ce qu’il faut aujourd’hui, à mon avis, c’est entrer avec Lui dans un bras de fer à travers des actions de désobéissance civile généralisées. Le boycott des élections législatives doit faire partie de cette stratégie de désobéissance civile plus vaste.
De toute façon ces élections ont été repoussé et le moment venu, la situation de notre pays aura certainement évoluée dans le sens que nous souhaitons.
Pour l’instant l’actualité est au dialogue convoqué par le Président élu, du 18 au 23 décembre 2016. J’invite les gabonaises et les Gabonais à s’y inscrire massivement:
Inscriptions dialogue national pour l’alternance appelé par S.E. le Président Jean Ping sur le site www.dnpa2016.com/agenda .
Vous êtes aujourd’hui une figure emblématique de l’opposition gabonaise, pourrait-on avoir Laurence Ndong candidate?
Candidate à quoi? Une seule chose m’importe aujourd’hui, c’est le départ d’Ali bongo du pouvoir qu’il squatte. Le vote des Gabonais doit être respecté.
Quel est votre mot de fin?
Au début du mois d’août, j’avais posté une vidéo dans laquelle j’expliquais que BOA allait tricher à l’élection présidentielle et tenter de s’imposer par la force. Qu’il fallait se préparer à contrer cette fraude pour qu’il quitte le pouvoir de façon effective. En 2016, il a fait pire qu’en 2009 pour se maintenir au pouvoir en dépit de la volonté populaire.
J’avais dit que cette élection Présidentielle était l’occasion de mener une révolution pour obtenir un changement à la tête de l’Etat.
Le processus électoral a été bouclé par la remise du rapport de la MOE de l’UE. Ce dernier confirme le tripatouillage des résultats qui a conduit la COur Constitutionnelle à déclarer BOA président. En lisant ce rapport, il apparaît clairement qu’Ali bongo a triché et que c’est bien M. Ping que les Gabonaises et les Gabonais ont élu le 27 août dernier.
Pour que 2016 ne soit pas 2009, M. Ping doit exercer effectivement le pouvoir.
Que la Révolution Jaune prenne place!