Voilà trois jours maintenant, depuis le 15 mai 2018, que les membres de l’Association nationale des personnes handicapées du Gabon (ANPHG), habitants au quartier Akebe, non loin du cinéma et leurs familles s’éclairent à la bougie et à la lampe torche. Avisés dans une correspondance de leur volonté à disposer d’un compteur d’eau et de courant, les pouvoirs publics, à l’instar du ministère de la Protection sociale et de la solidarité nationale, montrent peu d’intérêt à leur situation.
«Les amis d’hier deviennent les ennemis d’aujourd’hui», cet adage reflète bien la situation conflictuelle qui existe désormais entre l’actuel ministre délégué au ministre de la Famille, chargé de la Protection sociale et de la Solidarité nationale, Jonathan Ntoutoume Ngome et ses anciens camarades de l’ANPHG. Nouvellement installé au bâtiment qui abrite les locaux de ladite association, le membre du gouvernement fait preuve de peu d’empathie envers ses concitoyens.
Alors qu’elle a concomitamment, depuis janvier dernier, entamée une procédure, auprès du ministère de la Protection sociale et de la solidarité nationale et du ministère de l’Eau et d’énergie, dans l’optique de disposer de leurs compteurs d’eau et d’électricité, le site qui abrite les familles des membres l’ANPHG a été pris au dépourvu, lorsqu’il s’est retrouvé plongé dans l’obscurité, le 15 mai dernier.
«Les autorités, notamment le ministre de l’eau et de l’énergie, a déjà donné son accord pour qu’on vienne nous brancher un compteur d’eau et d’électricité, mais depuis un bon bout de temps, on ne sait pas pourquoi ça bloque», a confié Julien Nyare, responsable dudit site.
En effet dans un courrier daté du 3 mai dernier, adressé au précédent ministre de la Protection sociale et de la solidarité nationale, Paul Biyoghe Mba, le ministre de l’Eau et de l’énergie, Patrick Eyogo Edzang, a indiqué avoir donné des instructions aux services de la SEEG, afin que ceux-ci «conformément à leur règlement», procèdent au raccordement des compteurs demandés par l’ANPHG.
Quelque temps plus tard, un devis de 280 000 Fcfa, portant sur l’installation des deux compteurs, a été remis aux membres de l’association. Dans l’incapacité de payer la somme demandée, ces derniers ont une fois de plus écrit au ministère dont ils sont sous la charge. Mais les lenteurs administratives, ont contraints les 7 familles vivant sur le site à recourir «au système D».
C’est par l’entremise de leur ancien compagnon de fortune, voisin de surcroît, le ministre Jonathan Ntoutoume Ngome, qu’ils trouveront grâce. Jusqu’à ce que ce dernier, sans mot dire, décide de faire retirer son compteur d’électricité. Dans une tentative de conciliation, Julien Nyare rencontrera le ministre, «il m’a fait comprendre que la démarche qui l’a amené à retirer son compteur émane de la SEEG», avant de souligner que, «la où le bas blesse, c’est que de nous tous, seule la belle-sœur du ministre, qui vit dans le bâtiment de l’État dans lequel nous vivons, est alimentée. Elle est directement branchée au compteur de son beau-frère».
Installé sur le site depuis l’année 2000, les émeutes des élections présidentielles de 2016 ont vu le compteur dudit bâtiment prendre feu. Dépourvu d’eau également, les membres de l’association se «débrouillent comme ils peuvent», raconte Julien Nyare, qui déplore également l’incapacité du gouvernement à régler ladite facture de 280 000 Fcfa sans «qu’aucunes mesures d’accompagnement n’aient été prises par le ministre avant le retrait de son compteur».
Aujourd’hui confrontés à l’insécurité que procure l’obscurité, dans un quartier exposé à tous les risques, l’ancien président de l’ANPHG lance un cri de cœur à l’État, «qui doit prendre ses responsabilités pour créer des conditions acceptables, vivables, pour ces concitoyens, particulièrement pour les personnes handicapées». Il a toutefois indiqué que, «si rien est fait dans les jours avenirs, un mouvement d’humeur aux Affaires sociales n’est pas exclu».