La 5G au Gabon, sommes-nous réellement prêts ?

Au moment où le Gabon semble amorcer un tournant décisif en matière de télécommunication, notamment avec le lancement de la phase expérimentale de la technologie 5G par l’opérateur de téléphonie mobile Gabon Telecom, l’opinion se questionne sur l’opportunité d’une telle avancée alors que la question sur la qualité de l’internet mobile en l’occurrence la 4G reste toujours en débat. Une question à laquelle le Président-Fondateur du cabinet M&M CONSULTING, David Mebiame Allogo a répondu dans une interview accordée à Gabon Media Time.
Gabon Media Time : Monsieur David Mebiame Allogo, que pensez-vous de l’arrivée de la 5G au Gabon, du moins de sa phase expérimentale ?
Selon ma lecture de la situation, l’arrivée de la 5G au Gabon est le souhait des plus hautes autorités de l’Etat. Cette initiative fortement louable est caractéristique de la vision des grands leaders qui souhaitent placer et maintenir leurs pays dans le premier rang des nations dites « connectées » à l’internet à très haut débit. La mise en œuvre de cette phase expérimentale étant effectuée sous le contrôle de l’autorité de tutelle, il va de soi que les résultats qui en sortiront seront soigneusement analysés et interprétés aux fins de déterminer et prédire les performances qui seront attendues au Gabon avec cette nouvelle technologie.
GMT : Que pourrait nous apporter la 5G au Gabon ?
La 5G devrait théoriquement nous apporter des débits beaucoup plus élevés que la 4G, de l’ordre de 100 fois plus en théorie, et des temps de latence beaucoup plus réduits. La latence correspondant au temps qui s’écoule entre la demande et la réponse qui marque le début d’un téléchargement. Avec la 5G, le transfert de données deviendra ainsi quasi-simultané.
GMT : Avec autant de nouvelles rassurantes, d’où vient alors le scepticisme ?
Il faut noter que pour l’instant dans le monde, il n’existe pas encore de réseau « entièrement 5G », car en réalité si le « réseau d’accès » est en 5G, le réseau cœur où s’écoule les données est 4G : on parle ainsi de réseau Non-Standalone 5G. En langage simple, cela signifie que les valeurs de débits annoncés théoriquement ainsi que les latences fortement réduites ne seront pas atteintes avant la mise en œuvre d’un réseau complet 5G, les premiers étant programmés pour 2020.

Pour le cas du Gabon, me référant aux nombreux travaux de recherches réalisés en 2019 par le cabinet M&M CONSULTING, nous sommes encore loin des meilleurs débits que l’on pourrait obtenir sur un réseau standard 4G, car non seulement le niveau de couverture semble encore trop faible, mais en plus les scénarios techniques permettant d’augmenter significativement les débits actuels n’ont visiblement pas encore été pleinement éprouvés pour ne citer que l’agrégation de porteuses. Je vous présente ainsi en exclusivité, la confrontation des débits pratiques que nous devrions obtenir selon la technologie utilisée, et les débits observés sur toute l’étendue du territoire du Gabon pour le cas du téléchargement, tout en présentant la tendance chez un opérateur 4G étranger pour un pays comparable démographiquement et géographiquement au Gabon (Opérateur Référence) :
GMT : Qu’en concluez-vous ?
De nombreux défis restent encore à relever pour déjà dans un premier temps améliorer les performances des réseaux 4G existant au Gabon chez les deux opérateurs. Pour réduire le gap existant entre le modèle 4G utilisé actuellement et les performances d’un réseau standard 5G, cette approche est indispensable. Par ailleurs, elle sera doublement avantageuse pour les opérateurs car moins coûteuse et très rentable à court terme, et de plus les usagers percevront les améliorations instantanément. Pour finir, afin de s’arrimer à la clairvoyance des plus hautes autorités de l’Etat, le déploiement de « points d’accès » 5G comme cela semble être le cas chez un des opérateurs est une solution envisageable pour améliorer davantage les services d’accès à l’internet dans les lieux les plus stratégiques de Libreville et des autres villes du pays, à condition encore que cela se fasse dans les règles de l’art, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas comme notre cabinet a pu le relever récemment sur un projet d’évaluation de performances 5G chez un opérateur pourtant basé Europe.