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Hubert Oboulougou : «ce qu’Ali Bongo s’entête à ne pas comprendre»

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Dans une tribune libre publiée dans les colonnes de l’hebdomadaire Moutouki ce jeudi 16 janvier 2020, Hubert Oboulougou, diplômé de sciences comptables et financières, expert du secteur bancaire, l’ancien haut cadre de la Banque gabonaise de développement (BGD) rappelle au président de la République Ali Bongo Ondimba sa  « gestion brouillonne » d’un pays en  « lambeaux et déboussolé ». Un constat qui selon l’auteur n’est pas ignoré par le Chef de l’Etat lui-même puisqu’il l’a reconnu « maintes fois sur les plateaux de télévision ». Lecture.

« La vérité reste la vérité, peu importe la bouche par laquelle elle peut sortir. Or, souvent, on a tendance à accorder plus d’importance aux paroles des proches qu’on aime, aussi  fausses soit ce qu’elles nous disent. Il est fréquent que notre proximité avec certaines personnes, les amène à biaiser désormais la véracité de leurs propos à notre égard. Car, ils craignent de perdre la nature privilégiée de leur relation avec celui à qui, ils peuvent dire certaines choses. 

Cette attitude, loin de servir celui qu’on craint d’irriter, va, au contraire, le desservir. Car, on finit par développer ainsi, avec la personne dont on se méfie de dire la vérité, une relation empreinte de grande hypocrisie. Dans le cas d’Ali Bongo Ondimba, nous sommes face à un homme qui aura « forcé » son destin à présider la destinée de toute une nation, bâillonnée par une gestion jamais vue d’aussi brouillonne d’un pays aujourd’hui en lambeaux et déboussolé. Le bon sens doit nous amener à ne pas se taire et de voir les dérives s’amplifier en croyant ôter son corps de cette gestion, source de grand péril pour le pays tout entier. Cela ressemblerait fort bien à une certaine irresponsabilité notoire. 

Chacun de nous doit comprendre que derrière les chiffres du chômage, ce ne sont pas des cas, des numéros ou des dossiers, mais des hommes et des femmes qui broient du noir avec leurs familles. Le silence inacceptable de cette situation justifie donc, pour ceux dont le cæur ne peut davantage supporter de voir ce grand drame collectif se produire devant eux sans mot dire, l’ur gence d’esquisser des voies ou de signaler par moments les risques encourus sur certains aspects. 

On a beau vouloir voir Ali Bongo Ondimba vite quitter le pouvoir au Gabon, mais on ne peut s’empêcher de dire ce qu’il faut pour tenter de sauver ce qui peut l’être, au nom de notre pays et des milliers de personnes qui meurent du fait de la ruée soutenue de la bancale gestion du pays. Point n’est plus question de se demander si Ali Bongo Ondimba prendra en compte ou pas nos avis ou observations. S’il en avait fait bon usage, on n’en serait pas là. Mais, le bon choix me parait de libérer au moins notre propre conscience par la mise à nu d’une opinion. 

A charge pour lui d’en faire ou pas bon usage dans l’intérêt du Gabon et des Gabonais. Au milieu des Anciens dans le corps de garde de feu mon grand père Assiama du clan Otari à Lekeï, le vieux Ngakaga venu du village Abila me disait : « Une femme qui commet l’adultère voit son cæur quitter son mari à jjamais. En dépit du pardon et des vaines réconciliations, cette femme demeurera aussi dangereuse qu’une vipère pour son mari. Car, quand l’eau d’une rivière a franchi un pont, elle ne pourra plus jamais remonter vers sa source ».

Le constat de la mauvaise gestion du Gabon depuis dix ans n’est pas un secret que les Gabonais apprennent par ces écrits. Ali Bongo Ondimba lui-même le reconnaît maintes fois sur les plateaux de télévision. Il a échappé à une mort certaine du fait d’une maladie grave. Pendant sa convalescence, un groupe de personnes promues par lui aux affaires a pillé le pays à la tractopelle, vidant les caisses du pays, car pariant sur sa mort, pour s’en mettre plein les poches. Par la grâce de Dieu, le pire ne lui est pas arrivé. Disons-nous les choses clairement. 

Après avoir autant volé, ces gens lui souhaitaient-ils un sincère rétablissement dans leurs prières ou sa mort pour empocher le magot sans plus s’inquiéter ? Peut-on croire que la page de cette affaire peut se tourner avec quelques  personnes mises en prison ? Que font alors aux mêmes fonctions ces centaines de traîtres qui arboraient les tee-shirts bleus aux meetings et qui se sont tus pour continuer à jouir tranquillement du pouvoir ? 

Il vaut mieux nommer massivement des opposants dont la franchise de leur avis sur le pouvoir est connue, que de maintenir des caméléons qui se désolidarisent de Brice Laccruche Alihanga, alors que des milliers de photos et des vidéos les montrent souriant ensemble. Si des petits efforts peuvent encore être tentés, ils ne peuvent en aucun cas se faire avec cette bande de personnes sans personnalité. Ce gouvernement n’a plus sa raison d’être. 

Comme il ne peut démissionner de lui-même, il faut le virer et nommer une femme de poigne piochée même dans la Nyanga, par exemple, inconnue du grand public. Il faut une personne neuve non habituée aux gymnastiques et rouages des détournements et dont la mission sera de faire autrement que ce à quoi on assiste. Le contrat de confiance avec tous ceux qui vous sourient en ce moment est définitivement rompu. Et ils ne peuvent plus être d’un quelconque apport en rapport avec les attentes des populations. 

Ensuite, dépoussiérez au karcher tous les secrétaires généraux, directeurs généraux et directeurs généraux adjoints de toutes les sociétés publiques, pour amorcer un nouveau départ. La main du Président de la République ne devrait pas trembler devant cette situation. 

Hubert Oboulougou

Diplômé de Sciences comptables et financières Expert du secteur bancaire.»

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