Hôtel des Impôts: des complicités au sommet de l’Etat dans la disparition des 25 milliards ?
Les nuages commencent peu à peu à se dissiper autour de l’affaire des 25 milliards dont une partie devait être allouée à la construction de l’hôtel des Impôts de Libreville et pourrait donc connaître une autre tournure. De nouveaux éléments laissent envisager que dans ce dossier, outre l’ancien directeur général des Impôts, Joël Bernard Ogouma, plusieurs personnalités aient contribué à la vraie fausse disparition de cette somme faramineuse qui continue de susciter des interrogations.
Disons-le tout net : la désormais sulfureuse affaire de l’hôtel des Impôts met en lumière la gestion peu orthodoxe des fonds publics par de nombreuses administrations en violation des dispositions du décret n°15/PR/MINECOFIN du 6 janvier 1976 portant règlement général sur la comptabilité publique qui dispose, en son article 21, que « les fonds publics sont obligatoirement déposés au Trésor, sauf dérogations autorisées par le ministre de l’Economie et des finances. Ils ne sont pas générateurs d’intérêt et ils sont insaisissables ».
Pour de nombreux observateurs, il serait important que les différents responsables ayant un lien de près ou de loin avec ce dossier apportent des éléments de réponse pour en faire la lumière. Ainsi, selon nos informations, depuis le déclenchement de cette affaire, du côté de la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI), de nombreux conseillers membres estiment que ce dossier devrait retenir l’attention du procureur général près la Cour criminelle spéciale.
Vraisemblablement pierre angulaire et abondamment cité dans cette affaire, l’actuel gouverneur de la province du Woleu-Ntem, Joël Bernard Ogouma avait d’ailleurs, à en croire certains confrères, commencé à apporter des éléments nécessaires pour délier le vrai du faux. Il y a quelques années – alors que Maixent Accrombessi était au sommet de sa toute-puissance – à l’occasion d’un entretien « en off » dans le parking souterrain d’un établissement hôtelier sis au quartier Glass dans son véhicule de fonction de l’époque, « un Prado grand luxe TX immatriculé 151 », il leur aurait confié après avoir demandé à son chauffeur et son garde du corps de les laisser un moment que : « Quand on me dit de donner, je donne ». Question : Qu’entendaitJoël Bernard Ogouma par « donner » et « qui » lui avait demandé de le faire ? Certainement des personnalités bien perchées au sommet de l’exécutif, sont-elles aussi pieds et mains liés dans ce dossier.
Dans cette veine, le tri hebdomadaire Echos du Nord (dans sa parution N°616 du vendredi 21 décembre 2018), avait déjà effleuré l’idée d’une « réquisition opérée par les plus hautes autorités » qui aurait promis le remboursement de cette somme faramineuse dès la mise en place du budget 2013.
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Une version qui corrobore nos doutes émis le 26 décembre dernier dans un article intitulé « Hôtel des Impôts : Joël Ogouma et les zones d’ombre sur les 25 milliards de Fcfa ». Comme on le voit, peu importe l’angle d’observation, de nombreuses zones d’ombre demeurent sur l’utilisation de cet argent. La première question qui devrait être posée aux protagonistes de cette sombre affaire est quel montant était alloué effectivement pour le projet de construction de l’hôtel des Impôts ?
Après les derniers éléments recueillis au cours de nos investigations, la manœuvre utilisée pour distraire cet argent, bien que des proches de l’ancien directeur général affirment que l’argent aurait été transféré au trésor public, laisse penser à l’implication de plusieurs acteurs dans ce dossier. Sinon, pourquoi depuis les révélations publiques en 2015 de Michel Mpega, l’ancien DG des Impôts, Joël Bernard Ogouma circule-t-il librement ?
La question, lourde de sens, est posée. Au nom de l’intérêt supérieur de notre pays, le Gabon que nous aimons tous, il est plus qu’urgent que toute la vérité soit faite autour de ces 25 milliards de Fcfa.