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Gabon: payées à plus de 95%, Nebulia, CCO et GFRA BTP n’ont pas pu livrer la Cité Magnolia

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Au moment où la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) a décidé de reprendre la main sur les travaux de construction de la Cité Magnolia initiés par sa filiale immobilière Avorbam Investissements, l’opinion se questionne sur les raisons de cette mesure qui selon l’institution financière a pour objectif de faire la lumière sur la tenue de ce chantier et surtout sa finalisation. Une récupération qui intervient à la suite d’un constat d’huissier de justice qui a permis de déceler des anomalies dans la conduite des travaux et après deux mises en demeure restées sans suite. Pourtant, plus de 95% des paiements ont été effectués par le Maître d’ouvrage au profit des entreprises adjudicataires. 

Le feuilleton ayant abouti à la reprise du site de la Cité Magnolia et son placement sous surveillance policière en attendant la reprise des travaux par d’autres entreprises, est loin d’avoir trouvé son épilogue. En effet, alors que les trois entreprises adjudicataires, en l’occurrence Nebulia Group, GFRA BTP et la Compagnie de Construction de l’Ogooué (CCO) assuraient, au cours d’une réunion tenue le mardi 7 janvier 2020 avec la CDC et le maître d’œuvre, le cabinet Architecture concept, que les travaux étaient avancés à plus de 90%, sur le terrain, la réalité est tout autre. 

Un constat qui a donc conduit à la reprise en main par la CDC du chantier et à la résiliation des contrats la liant aux entreprises concernées, après deux mises en demeure les 19 mai et 11 juin 2020. Réagissant à cette décision dans le quotidien L’Union dans sa parution n°13358 du mardi 30 juin dernier, l’un des entrepreneurs, s’exprimant sous couvert d’anonymat « s’est dit choqué par la méthode cavalière employée par la CDC ». Puis a assuré « n’avoir jamais abandonné ce chantier. Il y a eu certes, des retards dus à certains rajouts et à des situations exceptionnelles, comme la pandémie de Covid-19 ». Des déclarations qui remettent en cause un procès-verbal de constat établi le 08 juin 2020 à la diligence d’un officier ministériel, en la personne de maître Hyacinthe Benga, quand on sait qu’un tel acte ne peut être contredit que pour inscription en faux. 

L’un des chantiers de la Cité Magnolia dans un piteux état © D.R.

Selon le compte rendu de la réunion du mardi 7 janvier 2020, que Gabon Media Time a pu consulter, le responsable d’une des entreprises adjudicataires en l’occurrence le gérant de Nebulia Group  SARL, Diboty Pambou affirmait que « les travaux étaient avancés à 94% pour les villas », un chiffre contesté ce jour par l’architecte. Par ailleurs, le responsable de Nebulia Group reconnaissait n’avoir « aucune facture en attente de paiement », tout en précisant « avoir été payé à hauteur de 90% environ ». Un règlement qui devait pourtant être une source de motivation pour finaliser des travaux et éviter le retard notable constaté dans la livraison des logements. 

Des canalisations intérieures entièrement bouchées © GMT.

Si les entreprises adjudicataires assurent que les travaux sont en bonne voie, le constat d’huissier de justice des 05, 06 et 08 juin révèle quant à lui de nombreuses anomalies sur le chantier. Entre l’absence de la société GFRA-BTP sur le terrain, alors qu’elle s’était engagée à travailler en flux tendu, c’est-à-dire en trois fois 8 heures, l’interruption des travaux sur tous les immeubles, des boîtiers d’électricité laissés ouverts, la stagnation des eaux, l’érosion continuelle de sable, l’absence de portail sur les villas de Nebulia Group, l’obstruction des caniveaux, la présence de hautes herbes, et la « présence d’humidité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de certaines concessions », le constat est sans équivoque. 

Dans le compte rendu de la réunion du mardi 7 janvier, Diboty Pambou, gérant de Nebulia Group, indique que « les vols récurrents sur le chantier pénalisent » son entreprise. Un argument qui semble inopportun, lorsqu’à la lecture de l’article 29 du contrat liant les entreprises adjudicataires à Avorbam Investissements, il est marqué noir sur blanc que « l’entrepreneur sera seul et pleinement responsable des accidents et dommages de toute nature qui adviendraient à son personnel, à des tiers, à des agents du client, à son matériel… ». 

Une vue de certains logements de la Cité Magnolia qui auraient dû être livrés au regard des sommes reçues par les entreprises adjudicataires © D.R.

Une situation qui peut dès lors justifier la position adoptée par la CDC surtout que l’article 31 du contrat des travaux de construction précise qu’en « cas de défaillance de l’entrepreneur dans le respect de ses obligations contractuelles notamment en matière de délais d’exécution, le Maître d’ouvrage le convoque pour examiner avec lui, les mesures à prendre ». Mais alors que les parties avaient convenu que dans le cadre de l’achèvement des travaux, les entreprises devaient travailler à flux tendu, se voir appliquer des pénalités de retard, mais surtout livrer les logements le 1er février 2020, le constat fait le samedi 11 juin dernier par exploit d’huissier de justice, révèle que ni Nebulia Group SARL ni CCO, encore moins GFRA BTP n’ont jamais travaillé à flux tendu pour que les logements soient livrés aux réservataires dans les délais auxquels ils s’étaient engagés auprès de la CDC, c’est-à-dire le 1er février 2020. A ce jour, soit 5 mois après, malgré les dernières promesses de livraison faites par les entreprises adjudicataires, les logements ne sont toujours pas habitables. 

Dans un droit de réponse publié le vendredi 3 juillet derniers dans les colonnes du quotidien L’Union, la Caisse des Dépôts et Consignations a tenu à rassurer les réservataires quant à la reprise des travaux, afin que les logements leur soient livrés au plus vite. La CDC s’est également désolée de la tournure des évènements en mettant tout en oeuvre pour un dénouement immédiat.

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Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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