Gabon: le gouvernement désavoué par l’Assemblée nationale sur la taxe sur les retraits
Dans ce qui est présenté comme un « tournant significatif », l’Assemblée nationale de la Transition a décidé de supprimer la taxe sur les retraits bancaires déjà en vigueur et celle sur les transactions électroniques, initialement prévue pour 2024. Cette mesure, inscrite dans le projet de Loi de finances 2025, reflète un recul face aux critiques croissantes concernant l’impact de ces prélèvements sur les citoyens. Jugées « contraires aux objectifs de la stratégie nationale d’inclusion financière » comme l’a rappelé Geoffroy Foumboula Libeka, vice-président de l’assemblée nationale de la transition, et surtout défavorables aux populations les plus vulnérables, ces taxes ne faisaient pas consensus.
Introduite en 2021, la taxe sur les retraits bancaires, fixée à 2%, visait à diversifier les recettes de l’État. Elle était censée rapporter 7,6 milliards de FCFA en 2025, soit une hausse spectaculaire de 252985% par rapport aux maigres 3 millions générés en 2023. Cependant, ces performances projetées n’ont pas suffi à justifier son maintien, l’Assemblée ayant souligné son caractère inadapté aux besoins d’inclusion financière, tout en alourdissant la pression sur les citoyens.
Taxe sur les retraits et taxe sur les transactions électroniques out
Pour 2025, la suppression de ces deux taxes entraînera une baisse estimée à 26 milliards de FCFA dans les recettes budgétaires projetées. Malgré cela, les autorités de transition misent sur d’autres sources de revenus pour compenser ce manque à gagner, notamment en renforçant les mécanismes fiscaux dans des secteurs stratégiques comme le pétrole et les mines. Cette décision intervient alors que les recettes fiscales et douanières affichent une tendance haussière.
En effet, au terme de près d’un an et demi de transition, les douanes ont collecté plus de 121,5 milliards de FCFA, tandis que les impôts ont rapporté 188,1 milliards de FCFA. Ces performances permettent au gouvernement de justifier cette suppression, accueillie avec soulagement par des populations qui se disaient “asphyxiées” par des prélèvements injustes.
Par ailleurs, ce recul semble illustrer la volonté des autorités de transition de réviser les politiques fiscales pour s’aligner sur les préoccupations sociales et économiques. En supprimant des taxes jugées injustes, le gouvernement tente non seulement de redonner du pouvoir d’achat aux ménages, mais aussi de stimuler la confiance envers les institutions. Toutefois, ce choix met en lumière les défis persistants d’équilibrer le budget tout en évitant de pénaliser les couches les plus défavorisées.