Gabon: la nomination du nouveau directeur de la Comptabilité publique fait jaser
Nommé en conseil des ministres ce jeudi 13 juin 2019, Franck Yann Koubdje, nouveau directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor crée la polémique. Pour cause, sa nomination serait contraire au décret portant création et organisation de la Direction générale de la Comptabilité et du Trésor. Explications.
Les décisions du gouvernement cette semaine ne font pas l’unanimité. Après la nomination controversée de Lee White, Gabonais d’origine Britannique, à la tête du ministère des Forêts, de la Mer et de l’Environnement, c’est autour de celle de Franck Yann Koubdje à la tête de la Direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor (DGCPT) qui pose problème.
La raison de cette nouvelle polémique est l’inéligibilité supposée du nouveau directeur général de la DGCT. En effet, selon le décret portant création et organisation de la Direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor, la DGCPT le directeur général de cette entité doit soit un agent public permanent au Trésor, soit inspecteur des finances, administrateur civil ou contractuel de l’Etat justifiant de 10 ans d’expérience dans le domaine.
« La Direction générale est placée sous l’autorité d’un directeur général, nommé par décret pris en Conseil des ministres sur proposition du ministre responsable, parmi les agents publics permanents des corps des inspecteurs du Trésor, des inspecteurs des finances, des administrateurs des services économiques et financiers, des administrateurs civils, ou les agents contractuels de l’Etat, tous justifiant d’une expérience professionnelle d’au moins dix ans en matière de gestion comptable, financière et économique », précise l’article 8 nouveau du décret N°00292/PR/MBCP du 30 octobre 2017.
Or, Franck Yann Koubdje ne remplirait pas les conditions sus-visées. Il serait, selon notre confrère Gabonreview, « un salarié de la BGFIBank ». Gabonreview précise d’ailleurs que cette nomination « n’a pas respecté les dispositions du décret 0280/PR/MBCP modifié, sauf à considérer que l’intéressé se trouve être un agent permanent de l’État mis en disponibilité depuis plus de 10 ans à la BGFIBank ». Une conclusion corroborée par quelques observateurs.
Pour Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, conseiller municipal de la commune d’Akanda et cadre du parti de l’opposition l’Union nationale (UN), le gouvernement doit se mettre face à ses propres contradictions. « On attribue à Omar Bongo la citation « d’un chien je peux faire un ministre ». On ne peut raisonnablement exiger la performance de l’administration si à sa tête on installe avec brutalité des compatriotes dont la seule référence est le niveau élevé de confiance », a-t-il confié.
Contacté par Gabon Media Time, le gouvernement n’a pas tenu à réagir. Selon une source proche de l’immeuble du 2-Décembre, le nouveau directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor est éligible à ce poste. « Franck Yann Koubdje remplit les critères. Il est contractuel de l’Etat et il a l’expérience requise », a-t-elle confié.
Si cette nomination n’est pas remise en question par le gouvernement, en dépit des voix qui la contestent, c’est peut-être parce qu’elle est justifiée. Si tel est le cas, il serait opportun pour les autorités gabonaises d’édifier l’opinion sur le choix du nouveau directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor. Cela permettra de mettre fin à cette polémique.