Gabon : la HAC exige le retrait des kiosques de Moutouki pour avoir écrit sur Noureddin Bongo

Dans un communiqué rendu public sur la première chaîne de télévision nationale Gabon 1ère, le conseiller membre porte-parole de la Haute autorité de la communication (HAC), Jean François Mouwaka Ngonga a annoncé ce vendredi 17 janvier le retrait de tous les kiosques du n°192 de l’hebdomadaire Moutouki. Le président de la HAC qui s’est autosaisi fonde sa décision sur la violation par notre confrère des dispositions du Code de la communication.
Le président de la Haute autorité de la communication Raphael Ntoutoume Nkoghe a cru bon, à la suite de la publication par l’hebdomadaire Moutouki jeudi dernier d’un article intitulé « Noureddin Bongo Valentin, Petit Prince Consort », de décider du retrait du journal de l’ensemble des kiosques et points de vente agréés. Une décision que le président de l’autorité administrative indépendante (AAI) justifie par des manquements qu’il qualifie en lieu et place de Noureddin Bongo Valentin personnellement concerné comme étant une « atteinte » à son « honneur » et sa « dignité » ainsi qu’à celle « de toute la famille présidentielle ».
Selon le communiqué lu par Jean François Mouwaka Ngonga, la Haute autorité de la communication reproche à l’hebdomadaire Moutouki d’avoir publié « en page 5 (alors qu’il s’agit de la page 3, NDLR) un article intitulé “ Petit Prince Consort ” avec comme illustration en page de garde Noureddin Bongo Valentin ». Un article que la HAC a qualifié de « mensonger » et regorgeant de « propos et insinuations malveillantes suspicieuses et tendancieuses frisant l’acharnement, la calomnie et l’injure » sans toutefois préciser de quel propos il s’agit.
Une mesure « inédite » pour le président de l’Organisation patronale des médias (OPAM) Guy Pierre Biteghe qui, joint par Gabon Media Time, s’est étonné de l’auto-saisine du président de la Haute autorité de la communication dans une affaire qui selon elle–même, porte sur « une atteinte personnelle et qui ne devrait être portée devant elle ou devant une quelconque autre autorité judiciaire ou administrative que par l’intéressé en personne ».
Jean Gaspard Ntoutoume Ayi élu de la ville d’Akanda, cadre de l’Union nationale (UN) et membre du collectif Appel à agir, en réaction à cette énième sanction de la HAC contre un organe de presse, s’est offusqué de la posture de l’autorité administrative indépendante qui selon lui s’érige désormais en protecteur de Noureddin Bongo Valentin et ses proches. « Quand on croit avoir touché le fond, ils continuent à creuser. La HAC, protecteur auto-désigné de « la famille présidentielle », a-t-il commenté.
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La décision de la HAC est prise selon elle en violation entre autres de l’article 44 du Code de la communication. Cet article qui fait l’objet d’ « une exception préjudicielle » soulevée par Me Gilbert Foumbi avocat au barreau du Gabon n’a cessé d’être le fondement de la plupart des sanctions de l’autorité de régulation du secteur de la communication. En effet, dans l’affaire qui oppose le journal en ligne Kongossa News à l’ancien vice-président de la République Pierre Claver Maganga Moussavou, il est demandé à la Cour constitutionnelle de se prononcer sur le caractère constitutionnel ou pas dudit article qui, selon l’avocat, est une entrave à la liberté d’expression. La position de la haute Cour viendra trancher définitivement cette question.