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Gabon: la HAC censure l’hebdomadaire Fraternité pour une durée d’un mois

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Dans une décision rendue le 20 juin 2019, la Hac suspend, à titre conservatoire, l’hebdomadaire Fraternité pour une durée d’un mois. L’hebdomadaire est accusé d’avoir « porté atteinte à l’honneur et à la dignité du président de la République, Ali Bongo Ondimba » dans un article intitulé « Qui dirige le Gabon ? » paru le 13 juin 2019. Une décision lourde de conséquences pour la liberté de presse au Gabon et pour les salariés de ce média.

« Qui dirige le Gabon ? ». C’est cette question et les éléments avancés par l’hebdomadaire Fraternité dans sa parution N° 202 du jeudi 13 juin dernier qui lui ont valu une suspension pour un mois, à titre provisoire, par la HAC ce  20 juin 2019. Le régulateur reproche au journal son manquement aux règles d’éthique et de déontologie. « Le contenu de l’article intitulé « Qui dirige le Gabon ? », […] est contraire aux règles d’éthique et de déontologie en matière de journalisme, […] les écrits de cet article constituent des insinuations malveillantes, calomnieuses, injurieuses et mensongères. Elles portent atteintes à l’honneur et à la dignité du président de la République, […] Ali Bongo Ondimba », précise le communiqué de la HAC.

Cette décision de l’autorité de régulation des médias qui s’accompagne du retrait du numéro incriminé de tous les kiosques et autres points de vente, est la peine maximale que prévoient les textes en vigueur en la matière. Et s’il est vrai que la HAC s’appuie sur les textes de loi, notamment l’article 55 de la loi N° 007/2018 portant ratification de l’ordonnance N°000010/PR/2018 du 23 février 2018 portant création, organisation et fonctionnement de cette institution, l’on est tenté de s’interroger sur ce choix qui privera à coup sûr quelques familles gabonaises de leurs revenus en cette période de vacances.

Cette énième censure remet au goût du jour le débat sur la liberté de la presse au Gabon. « Force reste à la loi », nous en convenons. Cependant, le recours systématique à la suspension, donc à la censure, par la HAC de tout organe de presse « accusé de diffamation », sans possibilité de recours, contribue à saper les efforts du Gabon dans le respect de la liberté de la presse.

Pour rappel, dans son rapport 2019 sur la liberté de la presse, Reporters sans frontières parle d’une « inquiétante érosion de la liberté de la presse » au Gabon. « Sous le régime d’Ali Bongo, la culture d’une presse indépendante n’est pas encore établie, la majorité des publications est partisane et l’autocensure est largement pratiquée. En 2018, les reportages et enquêtes critiquant le président ou son entourage ont conduit à une inquiétante multiplication des sanctions touchant aussi bien la presse nationale qu’un média étranger », conclut l‘ONG internationale.

Est-il besoin de rappeler que le Gabon occupe la 115ème place sur 180 pays dans le Classement 2019, alors que nous occupions la 108ème place en 2018 ?

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Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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