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Gabon : Charles M’Ba et Hermann Immongault attendus sur le bilan financier du référendum

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La loi de finances rectificative 2024 du Gabon fait état d’une hausse de 33,3% des dépenses de biens et services par rapport à la loi de finances initiale. Ces dépenses ont finalement atteint 378,6 milliards FCFA. Parmi les augmentations les plus significatives, 28 milliards FCFA ont été alloués à l’organisation du référendum constitutionnel. Cependant, les conditions matérielles dans lesquelles le scrutin s’est déroulé suscitent des interrogations sur l’utilisation réelle de ces fonds, surtout dans un contexte où le Gabon sort d’une élection présidentielle en 2023, ayant mobilisé plus de 100 milliards FCFA.

Lors du référendum, aucune démonstration de moyens significatifs n’a été observée dans les bureaux de vote. Les électeurs ont été confrontés à des installations sommaires. Des isoloires de fortune en tissu et des urnes en plastique basiques. Les commissaires électoraux quant à eux, ont été rémunérés à hauteur de 40 000 FCFA chacun, un montant jugé modeste compte tenu des milliards alloués au processus. On a d’ailleurs pu observer l’une d’entre elles se plaignant dans une vidéo devenue virale. Cette simplicité logistique, malgré les 28 milliards dépensés, interroge d’autant plus que le pays avait récemment investi massivement pour l’élection présidentielle de 2023.

Le cas patent du Sénégal

En comparaison, le référendum constitutionnel du Sénégal en 2016, pourtant bien organisé et transparent, n’a coûté que 2 milliards FCFA, soit quatorze fois moins que celui du Gabon. Une telle disparité interpelle, surtout dans un contexte où les finances publiques sont sous pression et où les Gabonais attendent des explications claires sur la gestion des fonds publics. Ces écarts soulèvent la question de l’efficacité des dépenses électorales et de leur réelle destination.

Charles M’Ba, ministre des Comptes publics, et Hermann Immongault, ministre de l’Intérieur, sont donc au centre des attentes. Leur bilan financier, notamment sur l’organisation de ce référendum, est vivement attendu. Il leur revient de justifier cette enveloppe budgétaire, en apportant des détails précis sur l’utilisation de ces fonds et en éclaircissant les zones d’ombre autour de ce budget. Dans un pays où des moyens colossaux ont déjà été mobilisés pour des scrutins récents, cette situation illustre les défis persistants en matière de transparence et de rigueur dans la gestion publique.

Le bilan financier désormais attendu 

Les critiques ne se limitent pas seulement à la gestion des fonds. Elles s’étendent aussi à l’absence de mécanismes clairs de contrôle avant et après le scrutin. Bon nombre d’observateurs notent un manque flagrant d’audits indépendants pour évaluer la conformité des dépenses avec les objectifs annoncés. De nombreux citoyens se demandent également pourquoi aucune infrastructure durable n’a été mise en place pour réduire les coûts récurrents des élections, comme des équipements réutilisables ou des systèmes numériques de vote.

Au-delà de l’aspect financier, cette situation reflète un défi plus large pour la gouvernance au Gabon : rétablir la confiance des citoyens. Dans un contexte de transition, où les attentes en matière de réforme et de bonne gouvernance sont particulièrement élevées, les ministres concernés sont confrontés à une obligation de résultat. Face aux engagements de transparence et de réforme promis par les autorités de transition, c’est donc un premier test pour les autorités qui devront démontrer au-delà de la publication des résultats 24 heures après le scrutin qui est à féliciter, qu’ils peuvent également le faire pour ce qui est des finances. 

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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