Gabon : adopté à la quasi unanimité par les députés, le projet de loi de finances 2025 suscite des interrogations
Le projet de loi de finances pour l’année 2025 a été adopté par les députés le mercredi 11 décembre 2024, lors d’une séance plénière présidée par Jean-François Ndongou au palais Léon-Mba. Avec un budget record de 4 204,9 milliards de FCFA, ce texte franchit un nouveau cap historique, marquant une progression de 42,9 milliards de FCFA (+1%) par rapport à 2024. Bien que cette augmentation symbolise une tentative d’adaptation aux défis économiques, elle soulève également des interrogations sur la gestion des ressources et la pertinence des priorités budgétaires.
Adopté en deux phases, le projet a reçu une quasi-unanimité pour les ressources (1 voix contre) et un soutien plus mitigé sur les dépenses, avec 3 votes défavorables sur les 83 députés présents. Cette répartition témoigne des réserves émises par certains parlementaires quant à l’affectation des fonds publics. Le ministre du Budget, Charles M’Ba, auditionné avant le vote, a dû répondre à des préoccupations liées à l’efficacité des dépenses et aux projections de recettes, notamment dans un contexte de tensions économiques persistantes.
Des inquiétudes persistantes sur les recettes
La dépendance chronique du Gabon à la production pétrolière reste une source indéniable de vulnérabilité. Alors que la production pétrolière représente toujours plus de 50% des recettes publiques, une baisse des volumes ou des prix pourrait affecter gravement les finances de l’État. Par ailleurs, l’absence de diversification des recettes inquiète : les revenus attendus de l’exploitation des pierres précieuses, annoncés comme un potentiel levier économique, restent absents du budget.
En outre, les recettes fiscales suscitent des débats. Les citoyens dénoncent une pression fiscale jugée excessive, tandis que les entreprises peinent à supporter une fiscalité alourdie, compromettant ainsi leur compétitivité. Autre point critique, le taux d’exécution budgétaire. Historiquement, celui-ci n’a pas dépassé les 70% depuis belle lurette, ce qui limite l’impact réel des budgets successifs sur le développement du pays. L’augmentation modeste de 2025 pourrait ne pas se traduire par des résultats tangibles si des réformes profondes de gestion des finances publiques ne sont pas entreprises.
Un nouveau cap historique franchi
Avec ce budget record, le Gabon franchit une nouvelle étape importante en termes de planification économique. Cependant, les résultats attendus devront être au rendez-vous pour convaincre les citoyens et répondre aux défis économiques actuels. Sans une meilleure exécution budgétaire et une diversification des recettes, ce cap historique pourrait ne rester qu’un chiffre symbolique, sans réelles avancées pour le développement du pays. Le projet de loi de finances 2025, bien que porteur d’espoir, appelle donc à une vigilance accrue, tant sur le plan des recettes que des dépenses, pour garantir une utilisation optimale des ressources et poser les bases d’une croissance économique durable.