Gabon : 3 cas, des inquiétudes et des interrogations pouvant conduire à une psychose générale

L’annonce de deux nouveaux cas de patients atteints de coronavirus Covid-19 par le Dr Guy Patrick Obiang Ndong secrétaire général du ministère de la Santé, et vice président du comité de pilotage du plan de riposte contre le coronavirus risque de faire grincer les dents et conduire les populations jusque-là, pas très inquiètes, parce que rassurées par le gouvernement, à s’interroger sur la teneur et la véracité des mesures tant vantées par Julien Nkoghe Bekale et ses hommes. Alors que ce gouvernement annonçait des mesures préventives maximales et efficaces contre cette épidémie, les 3 cas déclarés semblent éprouver le gouvernement gabonais supposé très préparé, ce nonobstant le discours rassurant du président de la République.
Le Gabon depuis l’annonce et la confirmation du patient 0, premier cas atteint du Covid–19 au Gabon, fait désormais face à la pandémie pour laquelle il a usé de communication sécurisante bien avant que son premier cas de ne soit effectif. Se voulant rassurant à chaque fois et véhiculant autant que possible l’idée d’une organisation rigoureuse, préparée et anticipée, Julien Nkoghe Bekale et son équipe ont véhiculé dans l’opinion l’idée d’une maîtrise et d’une régulation efficiente de tous les risques susceptibles d’entraîner sur notre territoire le virus Covid-19.
Le gouvernement, par le truchement de son porte parole Edgard Anicet Mboumbou Miyakou avait pris des mesures restrictives importantes dès l’annonce des premiers cas atteints de covid-19 au Cameroun. Au centre de ces mesures, celle de la restriction des vols internationaux en provenance et en direction des pays touchés par ledit phénomène dont la France, qui compte en moyenne un vol par jour via la compagnie Air France et sensiblement la même fréquence pour des compagnies telles que Ethiopian Airlines, Turkish Airlines ou encore Royale Air Maroc.
Au regard des faits, il y a toutefois lieu de nous interroger sur l’application rigoureuse des mesures relatives aux vols qui ont été pris le 7 mars. Le 9 mars 2020, c’est le porte parole de la présidence de la République Jessy Ella Ekogha, à l’occasion d’une conférence de presse qui confirmait ces restrictions. De quelles restrictions exactement s’agissait-il, étant donné que les vols en provenance et en direction des pays touchés par le virus dont la France ont continué à s’effectuer normalement ? Résultat des courses, le 12 mars 2020, soit 5 jours après l’annonce de ces mesures, le Gabon enregistre son premier cas atteint de Covid 19 en provenance, étrangement de l’hexagone via curieusement, le vol Air France.
En annonçant des mesures pour le plaisir de rassurer sans rigoureusement les appliquer, le gouvernement a favorisé l’arrivée sur notre territoire du Coronavirus en laissant aller et venir des voyageurs potentiellement infectés. Un laxisme et une permissivité qui contrastent avec le discours véhiculé par les autorités dont le porte parole du gouvernement Edgard Anicet Mboumbou Miyakou.
Pourquoi n’avoir pas directement fermé nos frontières et suspendu temporairement nos liaisons avec la France? Cette interrogation de l’opinion, le parti Pour le changement (PLC) l’a crédibilisée, en relevant par là même l’incongruité de la mesure gouvernementale. « Il est totalement incohérent de fermer les frontières terrestres en raison d’un cas infecté au Cameroun et maintenir des relations aériennes avec l’Europe (épicentre du coronavirus après la Chine), la France notamment, deuxième foyer le plus infesté en Europe » avait déclaré le secrétaire du PLC Exécutif Anges Kevin Nzigou.
L’apparition récente des deux nouveaux cas atteints et testés positifs a davantage créé des inquiétudes auprès des populations surtout quand on leur explique pour le cas de la dame de 49 ans qu’elle « présentait depuis trois semaines avant son arrivée des symptômes (toux sèche intermittente avec des douleurs à la gorge). Malgré cela, le 10 mars, son thermoflash à l’aéroport Léon Mba a donné un résultat négatif » a expliqué le comité de pilotage du plan de riposte contre le coronavirus. Devons nous comprendre que même le matériel tant vanté, celui étant à la pointe de la technologie ne présente pas les garanties d’efficience ?
Une telle situation rend effective l’éventualité selon laquelle, d’autres personnes atteintes du coronavirus ont pu passer les barrages de contrôle sans que le thermoflash ne signale quoi que ce soit. Il est donc fort probable que d’autres cas atteints du Covid-19 déambulent dans la capitale en transmettant ce virus à leurs semblables en toute inconscience en raison de l’incompétence de l’Etat et d’une communication exagérée et surévaluée. Une vision que partage le PLC qui parlait d’« une insuffisance d’informations réelles des cas atteints du coronavirus au Gabon, soit d’une disproportion des mesures face aux données factuelles communiquées »
Bien que le Chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba ait appelé au calme car « il n’y a aucune inquiétude à avoir à ce sujet », le fait que le Centre international de recherche médicale de Franceville (CIRMF) soit le seul à l’heure actuelle susceptible de diagnostiquer le Covid-19 alors que le gouvernement avait annoncé l’équipement de deux laboratoires destinés au dépistage du COVID-19 à Libreville à ce jour toujours inactifs, renforce et conforte la crainte des Gabonais qui flairent un éventuel enfumage de la clique à Julien Nkoghe Bekale. Une situation qui pourrait très vite, si d’autres cas sont révélés positifs précipiter la capitale dans une psychose causée en partie, par un gouvernement qui se disait suffisamment prêt à combattre cette pandémie.