Fegafoot/ Blanchard Andoume: «Nous allons rendre le football gabonais autonome»
Candidat au Comité exécutif de la Fédération gabonaise de football (Fegafoot) Blanchard Paterne Andoume (44 ans), est longuement revenu dans cet entretien sur la vision qu’il nourrit pour le renouveau du football gabonais. Le candidat a pour ambition de rendre ce sport autonome à travers la mise en place des modèles économiques qui permettront de financer l’ensemble des compétitions domestiques, l’organisation des compétitions des petites catégories et l’autonomie des ligues provinciales sur lesquelles il compte s’appuyer pour la formation des jeunes et le suivi du football amateur. Lecture…
Gabon Media Time : Vous dites être le candidat du renouveau, quelle innovation comptez-vous apporter à la Fegafoot si vous êtes élu le 21 avril prochain à Lambaréné ?
Blanchard Andoume : Je vais apporter une véritable révolution qui sera basée sur trois aspects essentiels : le renouveau à travers la mise en place des nouvelles sources de financement qui viendront s’ajouter aux financements traditionnels extérieurs et locaux, la création de plus d’impact dans le football et la mise en place d’un nouveau modèle de gouvernance tiré sur le modèle de gestion des standards internationaux qui tournera autour de certaines valeurs comme la transparence, l’équité, l’honnêteté avec une vision précise ; celle de voir le football gabonais autonome, prospère aujourd’hui et demain.
L’avenir du football gabonais passe obligatoirement par la formation et le football amateur, dans votre plan d’action quelle place accordez-vous au football amateur?
Dans mon programme je mets un accent particulier sur les Ligues, c’est à travers les Ligues que je voudrai développer le football amateur celui des jeunes et féminin. Je souhaiterai mettre en place un modèle générique en laçant les compétitions de toutes les catégories qui se joueront à l’intérieur du pays et de bout en bout. Nous allons également maintenir les championnats de D3 qui ne sont pas professionnels, tout en apportant certaines innovations dans l’organisation.
Les championnats professionnels de D1 et D2 se jouent chaque saison en dents de scie, nul de rappeler les raisons. Ce qui ne pousse plus les gens à se rendre dans les stades et n’encourage pas les sociétés à signer des partenariats avec la Ligue national de football (Linaf). Comment comptez-vous résoudre ce problème ?
Le problème du National Foot 1 et 2 constitue le nœud gordien qu’il va falloir absolument dénouer, et nous avons un plan pour le championnat professionnel. Il sera question de trouver des financements qui n’ont rien avoir avec le model actuel. Pour cela, nous avons construit deux modèles économiques : Le premier consistera à mettre en place, un mécanisme de surtaxe, infiniment indolore de certaines prestations dans le domaine des services de télécommunication, qui sera supporté par le consommateur final. Il s’agira ici, de prélever la somme de 10 Francs CFA sur chaque premier appel téléphonique journalier.
Selon nos études, ce modèle va générer au bas mot la somme de 3.300.000.000 Francs CFA par an et cet argent sera consacré à la contribution pour l’organisation et le déroulement des championnats professionnels gabonais.
Et le second modèle ?
Il visera à prélever, et encore une fois avec le concours de l’Etat, le montant de 100 Francs CFA sur chaque transaction financière de monnaie électronique. Ce qui va générer la somme de 3.800.000.000 Francs CFA par an, qui servira au financement des infrastructures et équipements dont le manque est visible et contribue à maintenir notre football dans une situation de léthargie. Nous voulons doter les ligues de sièges leur appartenant, de stades et de véhicules. Nous souhaitons d’ailleurs aller plus loin en rendant les ligues encore plus autonomes, par la construction de petits hôtels qui leurs permettront de pouvoir loger les joueurs pendant les compétitions et accueillir toutes autres personnes en dehors des compétitions. Ces fonds récoltés seront gérés par les ligues elles-mêmes.
Comment comptez-vous utiliser les 500 000 dollars (225 millions de FCFA) et les 750 000 dollars (337,5 millions de FCFA) que la Fifa octroie chaque année à ses fédérations membres notamment la Fégafoot pour le développement et le rayonnement du football ?
Il faut noter que les 500 000 USD servent au fonctionnement de la fédération et à la gouvernance. Par contre les 750 000 USD sont prévus pour les compétitions. Nous allons affecter cet argent à l’organisation de compétitions féminines et masculines au niveau des ligues et ce pour permettre l’éclosion des jeunes dans les catégories U20, U17, U15 et U12. Nous souhaitons à travers ces compétitions, favoriser la détection et le recrutement des jeunes talents pour les clubs professionnels nationaux et internationaux et même compléter de manière qualitative les effectifs des différentes sélections nationales. Nous comptons notamment, consacrer pour les compétitions 20.000.000 Francs Fcfa par ligue et 10.000.000 de Fcfa par ligue pour leur fonctionnement.
Comment garantir le bon usage de cet argent, ce sont des sommes énormes dont vont disposer les ligues ?
Je tiens énormément à la politique de la bonne gouvernance. Avant de pouvoir faire sortir des fonds des caisses de la Fédération, il va falloir que nous sachions à quoi cet argent servira et pourquoi est-il affecté. Derrière, nous mettrons une politique de supervision rigoureuse qui nous permettra de savoir exactement si l’objectif visé a été atteint avant de pouvoir décaisser d’autres fonds. Je tiens à marteler que tout ceux qui tenteront de mettre en place des politiques de fraudes seront clairement sanctionnés tel que prévu par la Fifa.
Comment-allez vous gérer l’équipe nationale des Panthères qui ne fait plus rêver les gabonais, dans laquelle règne un désordre total ?
J’ai déjà identifié un certain nombre de problèmes dans cette équipe. Le problème lié à l’encadrement technique avec un entraîneur qui vit à l’étranger. Donc, qui n’a pas le temps de pouvoir réellement s’occuper de notre équipe nationale, qui est la vitrine de notre football et même du Gabon. Nous avons aussi, la problématique de l’indiscipline criante de certains joueurs, le problème des finances notamment les primes et les relations entre la Fegafoot et les autorités de tutelles qui ne sont pas au beau fixe. Ces préoccupations que je viens d’énumérer ne sont pas exhaustives, mais je pense qu’il est important de créer un cadre beaucoup plus large avec les acteurs directs et indirects du football gabonais pour qu’on puisse ensemble identifier les maux qui minent notre sport roi notamment l’équipe nationale. Afin que nous trouvons les solutions idoines avec les chefs de projets pour pouvoir exécuter ses différentes solutions qui seront prises à l’issu d’un séminaire qui permettra de faire un examen profonds des problèmes de notre football.
C’est un secret de polichinelle. La sélection nationale n’est plus gérée par la Fegafoot depuis un certain temps, elle est phagocytée par certaines personnes très proches du palais lesquelles influent négativement dans la vie de cette équipe. Comment allez-vous faire pour écarter ces mains noires afin que cette équipe redevienne véritablement à la charge de la Fegafoot ?
Une chose est certaine, nous avons l’obligation de collaborer avec les autorités du pays. Cependant, chacun doit connaître sa sphère de compétence. Le président Infantino a indiqué que les immixtions dans la gestion du football ne sont pas tolérées. A mon avis nos autorités ont bien compris ce message. Par ailleurs, je dis toujours que nous poursuivons tous un même objectif, celui de voir les équipes Gabonaises rayonner au niveau local et international. Les rôles sont clairs, chacun doit jouer sa partition à son niveau pour que la musique soit harmonieuse.
Il se pose également le problème du logo de la Fegafoot qui aurait été changé unilatéralement par le président sortant. La majorité des personnes interrogées sur la question préfèrent l’ancien logo «Gabon d’abord» et non le nouveau représenté par l’image d’une panthère noire. Quelle est votre position sur la question et que comptez vous faire si vous êtes porté à la tête de la Fegafoot ?
Je suis de ceux qui pensent que si notre équipe se nomme « les panthères du Gabon » il faut que le logo représente bien une panthère et non un ballon qui porte une casquette. Pour moi cette panthère qui rugit est synonyme d’une équipe féroce et qui attaque. C’est la représentation de l’âme d’une Panthère. Le seul problème avec ce logo c’est qu’il n’a pas fait l’objet d’une validation en congrès par les délégués. Donc son utilisation n’est pas valable statutairement aujourd’hui. Cette situation sera soumise au Congrès si je suis élu.
Vous êtes conseiller sportif au Centre de Formation de Mounana donc collaborateur de Hervé Patrick Opiangah président-fondateur dudit club, considéré comme un personnage sulfureux et brumeux pour certains, qui traîne un lourd passif du fait de ses antécédents avec la justice. Cela ne peut-il pas vous portez préjudice dans votre quête à la Fegafoot ?
(Il se retourne d’abord sur son siège) Je ne sais pas de quel passif vous parlez. J’ai été à la création du CF Mounana, de plus, je suis le fils de Hervé Patrick Opiangah. Peut-on reprocher à un père de donner des conseils à son fils ou à un fils de demander un soutien moral à son père ? Raisonnablement non. Au-delà de tout, monsieur Opiangah est un acteur majeur de notre football à travers son club qui a pignon sur rue. Il a une énorme expérience comme bien d’autres acteurs avec qui je collabore et qui m’orientent dans ma démarche.
Le mois de mars derniers, vous-avez saisi la Fifa à trois reprises pour dénoncer selon vous certaines violations du Code électoral. Des requêtes qui ont abouti par le renvoi de l’élection au 21 avril et le retrait de la caution fixée à 1 million par la Commission électorale. Certains candidats vous trouvent un peu prétentieux, ils estiment que vous voulez vous faire passer pour un moralisateur. Qu’en dites-vous ?
Je suis surpris que ce qui est normal devient paranormal. Je considère que le renouveau et le changement que nous souhaitons tous, passe aussi par le respect des textes. C’est aussi, une forme de la bonne gouvernance. Il est important de pouvoir dénoncer et tirer la sonnette d’alarme quand les lois et les textes que nous-mêmes avons voté sont foulés au pied. Nous devons nous approprier la culture du respect des textes dans le football Gabonais. Ce sera un grand pas pour notre développement et un signal fort que nous allons envoyer à ceux qui veulent nous aider au niveau international.
Il se susurre que vous allez retirer votre candidature avant le 21 avril prochain pour soutenir un de vos adversaires. Qu’en est-il ?
Il y a beaucoup de rumeurs qui circulent dans ce sens. Il n’y a pas longtemps, un chroniqueur sportif a fait état de ça. Je vous confirme que je suis bel et bien candidat, mon dossier a été retenu par la commission électorale, je suis en campagne pour une victoire à la clef le 21 avril prochain.
Il se dit aussi que vous êtes le candidat soutenu par la présidence de la République…
Je vous renvoie au communiqué du porte-parole de la présidence de la République qui a clairement indiqué que la présidence n’a pas de candidat. Moi, je suis le candidat du renouveau football Gabonais, celui qui a un programme, viable, inspiré des besoins réels de notre football, celui qui incarne l’air du verseau dans le mode du financement du football et l’affection à bon escients des fonds collectés dans un schéma de bonne gouvernance.
En somme, au cas où vous n’atteignez pas vos objectifs, êtes vous disposez à soutenir un candidat ?
(Sourire) Je suis prêt à me mettre au service du football gabonais.
Propos recueillis par Kennedy Ondo Mba