POLITIQUE

Dialogue National pour l’Alternance : Discours de clôture de Jean Ping

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Au terme d’une semaine de travaux en atelier autour des questions de l’heure, le dialogue national pour l’alternance initié par Jean Ping a été clôturé ce vendredi 23 décembre 2016 au Complexe Ntchorere dans le 2ème arrondissement de Libreville. In-extenso l’intégralité du discours de Jean Ping.

Messieurs les Présidents,

Mesdames et Messieurs les membres de la Société civile,

Honorables invités,

Mesdames et Messieurs,

Chers compatriotes,

Au moment où s’achèvent les travaux du Dialogue National pour l’Alternance, je voudrais dire ici toute ma satisfaction et celle des leaders de la Coalition pour la Nouvelle République de constater que l’initiative de convoquer ce Dialogue était en réalité une préoccupation partagée. La forte participation des compatriotes venus si nombreux de tout le pays en est la parfaite illustration.

Les générations futures se souviendront de ce que du 18 au 23 décembre 2016, au Complexe le Noé Palace, les Gabonaises et les Gabonais de toutes conditions ont décidé de se parler en toute responsabilité et en toute liberté, en dépit des menaces et des conditions parfois intenables qui leurs avaient été imposées par l’environnement délétère qui caractérise le pays en ce moment.

Je voudrais exprimer toute ma gratitude à chacun des participants à ce rendez-vous qui marquera à jamais l’histoire politique de notre pays.

La qualité des contributions reflète en effet la parfaite hauteur d’esprit et l’expertise avérée des intervenants : Personnalités politiques de haut rang, femmes et hommes de sciences et de culture, jeunes et femmes enthousiastes et dévoués à la cause du peuple, sans oublier les cadres de la société civile.

Les travaux du Dialogue National Pour l’Alternance ont véritablement répondu aux attentes de tous, contribuant ainsi à dresser les contours de la Nouvelle République tant espérée.

Il faut vraiment remonter à la Conférence Nationale de 1990 pour retrouver le souvenir d’une telle communion.

En participant librement et massivement à ces assises, vous avez brisé avec une ferveur patriotique et un courage certain les chaînes qui entravent nos libertés et nos légitimes ambitions de citoyens responsables et vous avez décidé de prendre votre destin en main.

Dans mon discours d’ouverture de cette rencontre d’échanges et d’enrichissement réciproque, j’avais clairement donné le ton de ce que chacun de nous doit désormais faire. J’ai renvoyé chacun de nous à ses propres responsabilités pour que le destin de notre pays soit désormais la chose la mieux partagée.

Oui, mes Chers Compatriotes, nous venons tous ensemble de prendre la résolution de faire du Gabon ce que nous voulons qu’il soit à partir de maintenant.

Les conclusions auxquelles vous êtes parvenues traduisent parfaitement le sentiment profond du peuple, sur la façon dont il souhaite désormais voir les affaires de la cité conduites.

Mais pour y arriver, il nous faut honorer le préalable sans lequel rien ne pourra advenir ; ce préalable c’est la récupération sans condition de notre victoire volée. Et de ce point de vue, la réussite du Dialogue National Pour l’Alternance et les pertinentes conclusions auxquelles vous êtes parvenues ne sont pas une fin en soi ; ils marquent justement le point d’encrage des actions à mener pour reconquérir notre victoire à l’élection présidentielle du 27 Août 2016, afin de prendre le pouvoir que le peuple souverain nous a confié. Tel est l’objectif, telle est la finalité.

Alors, que ceux qui ont des oreilles entendent et que ceux qui aiment ce pays comprennent bien que la clôture du présent Dialogue n’est que le calme avant la tempête, car le plus dur qui est à venir dépend uniquement de Monsieur Ali Bongo, de ses maîtres à penser, de ses complices et de ses affidés.

Nous ne leur demandons pas la lune ; nous leur demandons tout simplement d’abandonner leurs vaines illusions en restituant tranquillement au peuple gabonais le pouvoir qu’ils lui ont volé avec les complicités que vous connaissez tous et qu’ils confisquent par la force des armes.

Le mot d’ordre que tout le monde attendait est désormais clairement décliné. Vous avez décidé, nous avons décidé, que chaque Gabonaise et chaque Gabonais doit dorénavant avoir en tête un objectif et un seul :

Récupérer par tous les moyens appropriés, oui par tous les moyens appropriés, la victoire qui nous a été volée par les imposteurs qui se sont installés par effraction à la tête de l’État.

Je le redis ici avec force et conviction : toutes les hypothèses ont été examinées et mises sur la table. Rien n’a été négligé. Je dis bien Rien !

En son article 9, la Constitution de notre pays dispose que :

« L’élection est acquise au candidat qui a obtenu le plus grand nombre de suffrages. »

Alors, puisque nous sommes désormais tous d’accord pour dire que « force doit rester à la loi », aux ridicules menaces et intimidations honteuses de la bande mafieuse des bouffons de l’imposteur, nous allons imposer par tous les moyens appropriés le respect de la mère de nos lois, la Constitution et la prééminence des droits sur l’arbitraire.

Nous avons commencé, comme il se doit, par utiliser toutes les voies de droit. Nos partenaires internationaux nous y ont encouragés et en toute conscience, nous les avons écoutés. Hélas ! Hélas ! Hélas.

Comme le monde libre l’avait fait lorsque, devant le péril nazi, l’histoire ne lui avait pas laissé le choix, il nous appartient dorénavant de prendre nos responsabilités.

À partir de 1940, les peuples d’Europe ont héroïquement résisté pour redevenir libres. Ils sauront donc comprendre mieux que personne que nous n’avons plus d’autre choix que de résister comme ils l’ont fait.

« Aide-toi et le ciel t’aidera ! », semblent nous dire nos partenaires.

Mesdames et Messieurs du Monde libre, les Gabonais vous répondent ce jour, ici et maintenant :

« Message reçu cinq sur cinq ! ».

Peuple gabonais, nous ne sommes pas dupes. Les braqueurs des élections, les faussaires pathologiques de la République, ceux qui vous ont volé votre victoire, ne comptent plus que sur l’utilisation disproportionnée de la force et de la violence d’État pour nous réduire au Silence, comme chanté par le Poète.

C’est peine perdu !

Nous ne cèderons pas !

Nous ne lâcherons Rien !   

Comme le titre à propos le journal Echos du Nord ce matin, n’oubliez jamais que « le tyran ne tire son pouvoir de nuisance que des faiblesses de notre résistance ». C’est pourquoi nous opposerons une résistance déterminée et nous résisterons donc jusqu’à la victoire finale !

* *

Mes chers compatriotes,

Au cours de nos assises, vous avez tenu à ce qu’il soit clairement signifié à nos frères et sœurs des forces de défense et de sécurité que, contrairement à ce qu’on veut leur faire croire, ils sont d’abord des Citoyens gabonais à part entière. Ce sont des électeurs comme tout le monde. Ils ont eux aussi clairement fait le choix de l’alternance le 27 août 2016, et savent comme vous et moi que c’est Jean Ping, qui a été massivement élu par le peuple gabonais.

A nos frères et sœurs en armes, vous avez clairement réaffirmé ceci : n’ayez pas peur ! Le peuple aux mains nues n’est pas  votre ennemi ! Les Gabonais aux mains nues ne sont pas les ennemis de la République que vous vous êtes engagés à servir !

Le Gabon n’est pas en guerre ! Votre devoir sous le drapeau, est de protéger vos frères et sœurs ! Votre mission n’est pas de tirer sur vos frères et sœurs aux mains nues, mais de les protéger !

Au cours de ces assises, vous avez demandé à nos frères des forces de défense et de sécurité de rejoindre le camp de la légitimité et de la vérité des urnes. Je me joins à vous, pour leur dire : rejoignez-nous pour libérer le Gabon.

Rejoignez-nous pour sauver l’État de droit bafoué par un pouvoir illégitime qui fait de vous des mercenaires !  Sachez-le bien, au moment de rendre des comptes, ils se laveront les mains en vous laissant seuls, face à votre sort.

Nous vous appelons donc à la prise de conscience et à la responsabilité. Le peuple désarmé appelle son armée au patriotisme.

L’histoire récente montre que tous ceux qui ont obéit aveuglement à des ordres illégaux en massacrant le peuple, finissent toujours par le payer au prix fort. Ce n’est pas de l’histoire ancienne ; ça s’est passé en Guinée ; ça s’est passé à Sarajevo. Beaucoup sont en ce moment en train de le payer à la Haye, à la CPI.

Concernant notre pays, la plainte que nous avons introduite à la CPI est actuellement examinée avec la plus grande attention. Les responsables des massacres de nos compatriotes vont devoir répondre de leurs actes. Les coupables seront nécessairement identifiés et sanctionnés conformément aux normes internationales. A bon entendeur, salut !

Mes chers compatriotes,

Les jours de ce pouvoir sont comptés. Notre dialogue avait pour objectif essentiel de préparer l’avenir.

Préparer l’avenir, c’est d’abord faire le diagnostic sans complaisance de ce qui s’est passé au cours de cette élection volée. Vous l’avez fait avec lucidité.

Préparer l’avenir, c’est aussi, dans le contexte particulier du moment, se mettre en ordre de bataille pour relever les nombreux défis qui se présentent devant nous. C’est se tenir prêts à offrir au pays, une gouvernance intelligente et utile. Celle-ci passe par la mobilisation, sans sectarisme, de toutes les ressources humaines dont ce pays dispose.

C’est ce devoir de rassemblement qui nous a amené à construire ensemble, au cours de ces assises très riches en propositions, un programme commun de gouvernement.  Assorti d’une feuille de route claire, ce programme de gouvernement nous permettra de hisser notre pays aux standards internationaux du 21ème siècle et je ne puis que vous en féliciter à nouveau.

Mesdames et Messieurs,

Les Gabonais ont été traumatisés par ce qui s’est passé au cours de cette élection présidentielle. Il nous faut nous reconstruire en tant que peuple uni, en tant que Nation et faire le deuil de nos morts.

Certes, rien ne pourra plus ramener nos martyrs à la vie. Mais il nous faut nécessairement affronter nos démons et exercer le devoir de vérité sans lequel aucune réconciliation n’est possible.

Dès mon installation à la Présidence de la République, et aussitôt après la formation du tout premier gouvernement de la Nouvelle République, j’instruirai, comme vous l’avez souhaité, le premier ministre de mettre en place une commission nationale « Vérité et Réconciliation ».

Celle-ci sera chargée de faire toute la lumière sur les exactions subies par les nombreuses familles gabonaises, des années durant. S’ensuivront naturellement les réparations, selon des modalités que nous retiendrons.

Pour la mémoire de tous les martyrs de la République, et conformément à votre requête, je m’engage à ériger un mémorial national qui rappellera à jamais, ce que le Gabon désormais civilisé ne devra plus vivre. La place de la paix sera désormais la place des martyrs.

Au cours de ce dialogue, est aussi apparue la nécessité de l’intégration pleine et entière de nos cultures traditionnelles. Le gouvernement de la Nouvelle République devra en tenir compte, en organisant au plus vite, les états généraux des rites traditionnels du Gabon, afin que notre culture concoure pleinement au développement de notre pays.

Il apparaît plus qu’urgent de moderniser nos institutions en valorisant les talents dont regorge notre pays. Nous devons en finir avec le règne de la médiocratie.

Nous ne sommes plus seuls au monde, et le Gabon sera jugé à l’aune de la capacité de ses élites à apporter des réponses innovantes aux défis qui se présentent à notre pays.

Dans ce 21ème siècle de l’excellence, le Gabon doit prendre toute sa place, et participer qualitativement à la civilisation de l’universel. C’est aussi l’un des défis que nous aurons à relever.

Notre pays doit offrir à chaque jeune, non seulement une instruction d’excellence, mais aussi la formation à un métier qui lui permettra de s’assumer pleinement dans la société.

La santé, l’école, la protection sociale, la route, le logement, sont autant de domaines dont les nécessaires réformes mobiliseront  toutes nos énergies. De très nombreuses propositions ont été faites par les participants.

Les institutions de la Nouvelle République doivent elles aussi être revues et corrigées. Un débat national devra être très vite engagé pour définir ensemble, le type d’institutions que nous voulons mettre en place dans notre pays.

Les assises ont confirmé le consensus national sur le retour à la Constitution de 1991. Nous devons tout simplement l’améliorer en y inscrivant des dispositions intangibles. Par  exemple, plus personne ne devrait plus toucher au nombre de mandats présidentiels tels qu’ils auront été arrêtés par le peuple souverain.

En ce qui me concerne et en réponse à vos questionnements, je l’ai dit et je vous le redis ici, je ne ferai qu’un seul mandat, je dis bien un seul, pas deux, un seul et aucun de mes enfants ne sera ministre dans un gouvernement mis en place sous mon autorité.

Aucun de mes descendants, de mes collatéraux directs  ne me succèdera immédiatement à la Présidence de la République.

Plus que jamais, le Gabon doit devenir une démocratie, un État de droit où les libertés publiques et individuelles sont inviolables. Un pays où les droits humains sont sacrés.

Le peuple gabonais aspire profondément à la liberté et à la justice. Le besoin de justice est immense.

Mes chers compatriotes,

Ce dialogue nous a permis de tracer la voie à suivre. Nous sortons de cet exercice patriotique et républicain avec un grand espoir. L’espoir de voir le Gabon, enfin libéré de la peur enfin libéré du besoin.  

Nous en sortons surtout avec l’engagement solennel que je prends devant vous, d’être le porte-drapeau de la libération de notre pays, trop longtemps pris en otage ; nous en sortons avec l’engagement que je prends devant vous, de rendre aux Gabonais leur dignité perdue dans leur propre pays.

Mais croyez-moi, seul je ne pourrai rien.

Voilà pourquoi j’invite les uns et les autres. J’invite toutes les Gabonaises et tous les Gabonais, à se joindre à cette belle aventure que vous venez vous-mêmes de définir, parce que c’est notamment ensemble que nous allons libérer la liberté.

Avec gravité, je voudrais m’adresser plus particulièrement à ceux de ma génération, à ceux qui comme moi se réclament du Lycée classique et moderne (aujourd’hui Lycée Léon Mba), de Bessieux et de Saint-Gabriel.

Jean-François et Jules Aristide ; Zacharie et Casimir ; Guy, Benoit et Jacques ; Didjob et Paulette, Jean et Vincent, pour ne citer que ceux-là ; quel Gabon allons-nous laisser à la postérité ?

Regardons notre pays, ce pays qui nous a tout donné, il se meurt. Nous ne pouvons et ne devons l’accepter.

Pour nos petits-enfants, pour la jeunesse de notre pays et pour le Gabon éternel, si cela est nécessaire, acceptons de consentir des sacrifices pour arracher notre pays des griffes de la bête immonde. Ce sera pour chacun de nous la plus honorable des missions.

Mes chers compatriotes,

Comme un seul Homme, levons nous !

Allons ensemble à la conquête de notre deuxième indépendance !

Allons ensemble à la rencontre de la Nouvelle République qu’ensemble nous construirons pour la gloire de ceux qui viendront après nous.

Et c’est devant la Nation réconciliée, avec l’assistance de toutes les forces spirituelles du Gabon, que je ferai bientôt le serment suivant :

 » Je jure, devant Dieu, devant nos ancêtres du NORD, du SUD, de l’EST et de l’OUEST, devant le peuple, de consacrer toutes mes forces au bien du Peuple Gabonais, en vue d’assurer son bien-être et de le préserver de tout dommage, de respecter et de défendre la Constitution et l’Etat de Droit, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge et d’être juste envers tous. » 

Que Dieu bénisse et protège notre pays.

Entonnons notre hymne national pour que vive le Gabon.

Je vous remercie.

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