Chute du prix du baril de pétrole : les inquiétudes de Raymond Ndong Sima

Au moment où le secteur pétrolier vient d’encaisser un nouveau contrecoup de la propagation du Covid 19, avec une baisse spectaculaire des cours du baril de pétrole qui s’est établi ce jeudi 19 mars 2020 pour le WTI à 22.64 dollars et pour le Brent à 25,79 dollars, la question de son impact sur l’économie se fait de plus en plus pressante. Si le 16 mars dernier, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et le secrétaire général de l’OPEP+ ont exprimé leurs craintes d’impacts économiques et sociaux « majeurs », l’ancien premier ministre Raymond Ndong Sima, a dans une publication sur son compte Facebook, exprimé ses inquiétudes sur cette baisse du prix du baril et qui aura indéniablement des répercussions sur les recettes pétrolières mais surtout sur le plan budgétaire. In extenso ladite communication.
« Bis repetita.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il y a de nouveau péril en la demeure avec le nouvel l’effondrement en cours des prix du pétrole. A 25 dollars le baril de Brent hier toujours orienté à la baisse, la situation est sérieuse et peut être même déjà critique.
Si la chute des prix se poursuit ou même si les cours se maintiennent à leurs niveaux actuels, alors on peut s’attendre au pire compte tenu de la dépendance extrême de nos finances publiques des revenus de cette activité. Depuis la dernière chute des prix en 2014, l’économie gabonaise comme d’ailleurs les économies des autres pays de la CEMAC n’ont pas encore eu la possibilité de se restructurer pour prendre des distances dans leur dépendance au pétrole.
De nouveau, toutes les prévisions volent en éclat et les réserves de la sous-région qui étaient seulement en reconstitution vont être soumises à très rude épreuve. Il faut maintenant espérer que la leçon d’il y a 6-5 ans va servir et que chacun va agir avec célérité et la communauté solidairement pour organiser le repli et limiter la casse.
Nul ne pouvait prévoir l’évolution actuelle des cours consécutive à des désaccords entre grands producteurs. Mais les conséquences des variations brutales à la baisse des cours du pétrole consistent toujours systématiquement en d’inévitables ajustements. Nous voilà encore en effet appelés à nous engager sans perdre de temps, sur la voie rocailleuse des ajustements brutaux.
Une fois de plus l’ampleur de la chute attendue des recettes pétrolières et son incidence sur les revenus totaux de l’État et de la sous-région remettent en cause l’ensemble des hypothèses budgétaires tant pour les recettes que pour les dépenses et nous obligent à envisager un changement urgent de palier compte tenu de l’extraversion toujours très forte de nos économies.
Sans délai, il faut suspendre l’exécution de la loi de finances qui commence celle-ci étant de fait, devenue caduque et initier au plus vite une loi rectificative compatible avec le désastre qui s’opère sous nos yeux.
Hélas une fois de plus la situation financière de l’État et de la sous-région se dégrade brutalement et la crise du COVID-19 qui frappe l’un de nos principaux clients va amplifier la contraction de l’ensemble de notre activité et ses contreparties financières.
On doit de nouveau considérer qu’il y a, pire qu’en 2014, péril en la demeure que tout retard ou toute complaisance dans l’ajustement qu’il impose ne feront qu’aggraver la situation.
Raymond Ndong Sima »