CEMAC : enjeux et perspectives de la présidence gabonaise du CPC-TP
La désignation du Gabon à la présidence du Cadre Permanent de Concertation des Trésors Publics (CPC-TP) de la CEMAC pour l’année 2025 représente un tournant stratégique, tant pour le pays que pour la région. Ce rôle confère au Gabon une responsabilité majeure dans la coordination des politiques financières au sein de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). Il s’agit d’une opportunité unique pour le pays de renforcer son leadership régional et d’affirmer son expertise en matière de gestion financière publique.
Le Gabon, à travers cette présidence, est placé sous les projecteurs pour prouver sa capacité à instaurer des pratiques de gouvernance financière transparentes et efficaces. Dans un contexte régional marqué par des défis de transparence et une nécessité d’élargir la base des investisseurs sur le marché des valeurs du Trésor, Libreville devra être à la hauteur des attentes. Les réformes prévues, notamment la transformation de la CRCT en agence régionale et le développement du marché secondaire, seront des indicateurs clés pour évaluer l’engagement du Gabon dans la modernisation des systèmes financiers.
Des enjeux économiques majeurs pour la région et le pays
Avec un encours des titres publics de 7200 milliards de FCFA à fin novembre 2024, le marché des valeurs du Trésor de la CEMAC est un levier crucial pour le financement des économies locales. Pour le Gabon, la présidence du CPC-TP est l’occasion de s’imposer comme un moteur d’innovation et de structuration financière. En initiant des réformes régionales, le pays pourra également attirer des investisseurs pour son propre marché intérieur, en tirant parti des retombées de ces efforts sur sa stabilité économique.
Un défi à la fois institutionnel et technique
Ce rôle confère également au Gabon la responsabilité d’organiser des formations et de renforcer les capacités techniques des acteurs financiers de la région. Ce renforcement institutionnel, indispensable à la gestion optimale des ressources levées, peut être un atout pour positionner le Gabon comme un hub régional de l’expertise financière. Toutefois, ce défi nécessite des moyens et une mobilisation accrue des institutions publiques gabonaises. En devenant la capitale financière de la CEMAC pour une année, Libreville se trouve au centre des discussions économiques et financières régionales.
Cette visibilité est une opportunité pour attirer des partenariats internationaux et mettre en lumière les efforts du Gabon en matière de réformes économiques. Néanmoins, cette position dominante exposera également le pays à des critiques potentielles en cas de retard ou d’inefficacité dans la mise en œuvre des résolutions. Le mandat gabonais pourrait, s’il est bien mené, marquer une étape décisive dans la dynamique d’intégration régionale. En favorisant la coopération entre les États membres et en consolidant les infrastructures financières communes, le Gabon a l’occasion de jouer un rôle central dans la construction d’une économie régionale plus résiliente.