Le 5 août dernier, lors d’une causerie à Bitam, le député Patrick Eyogo-Edzang a fait des déclarations ahurissantes. Il se prête donc au jeu et répond à nos questions basées sur sa sortie surprenante.
Suite aux propos de Monsieur Ondo Edou, porte-parole de l’Union Nationale vous avez prétendu ne plus comprendre votre parti, vous êtes un élu de l’UN, certainement un membre actif de premier parti politique de l’opposition gabonaise, pourquoi ne pas avoir soulevé la question liée à la présidentielle au sein du parti avant de l’exposer sur la place publique?
« Je l’ai fait au mois d’octobre, je suis très cohérent avec ma démarche en octobre j’avais fait une conférence de presse à la Chambre de commerce ou suite à la position de mon parti, suite également à certaines attaques intra-opposition entre les souverainistes, l’UN…etc je trouvais que le climat n’était pas propice à l’union de l’opposition. Surtout que moi en tant qu’élu récemment au mois d’août j’avais bénéficié justement de l’union de l’opposition pour l’emporter c’est pour cela qu’à la fin de mon propos je disais ‘‘nous en appelons à l’unité de l’opposition en commençant par celle de notre parti l’UN auquel j’exhorte à se prononcer dans les délais raisonnables, le plus tôt possible sur la question de la désignation d’un candidat unique de l’opposition à l’élection présidentielle qui pointe à l’horizon. Enfin nous demandons aux citoyens gabonais de prendre d’assaut les bureaux d’inscription sur les listes électorales afin de se faire enrôler massivement et de sensibiliser tous les jeunes ayant atteint l’âge de 18 ans’’.
L’UN a appelé les gens à ne pas se faire enrôler sur les listes électorales aujourd’hui nous avons désigné un candidat à la présidentielle nous allons être élus avec qui ? Déjà c’est une chose qui interpelle et les populations ont besoin d’une lecture claire de la politique. On a dit également que nous ne présenterons pas de candidats si jamais 10 points focaux concernant la transparence n’étaient pas mis sur la table et discutés avec le pouvoir, nous présentons un candidat malgré tout. Nous avons fait un congrès en disant que tant qu’Ali sera président nous ne présenterons pas de candidat nous allons à la DTE sauf que maintenant nous avons un candidat contre Ali donc toute ses incohérences doivent être élucidées parce-que sur le terrain nos populations ne comprennent rien. Un moment donné il faut prendre une position claire et cohérente par rapport à ses idées et c’est ce que j’ai fait. »
Vous parlez d’un candidat de l’UN mais les gabonais connaissent deux à savoir Casimir Oye-Mba et Gerard Ella-Nguema, pour vous qui est le candidat de l’UN ?
« Le candidat officiel de l’Union Nationale s’appelle Casimir Oye-Mba c’est incontestable il a été désigné au Congrès. Les modalités de désignation je ne rentre pas dans ce débat c’est la cuisine interne et pour l’instant ce qui m’intéresse c’est l’unité de l’opposition autour d’un candidat qui peut l’emporter. Et je pense que le meilleur pour l’emporter ce n’est pas forcément le candidat de l’UN ».
« Je suis de l’UN mais je vous demande pour le 27 août prochain de voter massivement pour Jean Ping ! » qu’est-ce-qui motiverait cette assertion ?
« J’ai fait la campagne de 2009 auprès d’AMO et je pense que pour être candidat il faut l’envie, la détermination. Parmi les candidats je crois que Jean Ping est celui qui a cette envie, il s’est investi personnellement, il a fait le tour du Gabon, il a cette motivation d’aller à la rencontre des populations et il y a également son parcours, son projet. Je pense que c’est le candidat qui peut emmener le Gabon à l’alternance d’ailleurs on ne jette pas des pierres sur un arbre qui n’a pas de fruits ».
Vous voterez pour Jean Ping alors pourquoi ne pas démissionner de l’UN ? Faire comme Alexandre Barro Chambrier par exemple qui est parti lorsqu’il a estimé que la vision du PDG n’était pas la bonne.
« L’UN se distingue du PDG dans la mesure où il n’y a pas un président fondateur, il s’agit d’une mosaïque de gens qui ont une idée commune le Gabon pour tous. Le PDG c’est le parti d’Omar Bongo, c’est le parti de son père donc c’est pour ça que si jamais t’es pas content tu t’en vas du parti de mon père. J’estime que l’UN c’est le Gabon pour tous c’est notre parti à nous tous et nous n’avons pas besoin de le tuer. L’UN est en régression sur le plan politique justement à cause de toutes ces incohérences. Il faut que l’UN fasse une mutation et je pense avoir ma place ».
Vous avez clairement apporté votre soutien au candidat Jean Ping, ne serait-ce pas une manière de payer votre dette à René Ndemezo Obiang qui aurait largement contribué à votre élection ?
« Effectivement, je ne ferai pas les erreurs d’Ali Bongo. En effet, nous sommes des africains, nous avons nos us et nos coutumes. Le pouvoir comme on dit chez nous se transmet et je crois que pour mon accession à l’Assemblée Nationale René a contribué en levant ma main devant les populations de Bitam comme l’a fait pour lui Oyono Aba’a, nous sommes quand même dans une symbolique très forte par rapport aux populations. Je suis en adéquation totale avec ce qu’il fait, je ne pense pas avoir à payer une dette mais vous savez la majorité sociologique à Bitam est derrière Ping alors il ne faut pas ramer à contre-courant. C’est le choix de la raison et c’est le choix qui est clair pour moi ».
Quelle est votre position face à la situation du responsable des jeunes de l’UN Firmin Ollo Obiang qui est à la prison centrale de Libreville ?
« J’ai beaucoup d’admiration pour ce jeune, c’est un activiste et ça me gêne un peu parce-que personne ne suit grosso modo son dossier, on l’a incarcéré et notre bureau, du moins les jeunes font la politique sur un forum whatsapp on ne fait rien j’avoue. Il allait sortir on lui a collé un autre motif. On a un bureau à l’UN et je ne suis que trésorier alors si on me dit paie un avocat je le ferai ».