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Alphonse Louma: «Rien ne sera plus comme avant»

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Les neuf juges de la Cour constitutionnelle viennent définitivement de faire tomber leurs masques et de montrer à la face du monde leurs vrais visages, c’est-à-dire leur parti pris en faveur de la dynastie des Bongo au pouvoir depuis 1967.

Le 23 septembre 2016, la Cour constitutionnelle, en validant le hold-up électoral, a envoyé un message très clair au peuple gabonais : « nous, juges à la haute juridiction des élections dans notre pays, sommes là pour défendre d’abord les intérêts du pouvoir en place ainsi que les nôtres. Omar Bongo avait créé cette Cour pour être un appendice du bureau politique du Parti démocratique gabonais ».

Désormais, la date du 23 septembre sera commémorée comme date de deuil national. Beaucoup de Gabonais ont, ce jour, versées leurs larmes en voyant Mborantsuo et ses acolytes débiter des mensonges à la télé et en faisant du perdant Ali Bongo le vainqueur de l’élection présidentielle du 27 août 2016. Les Gabonais viennent de vivre là un véritable cauchemar avec cette mascarade électorale et cette parodie de justice.

La Cour constitutionnelle nous ayant déjà habitués à ne la voir que comme la « Tour de Pise » qu’elle a toujours été depuis sa création en 1991, personne ne devrait normalement s’attendre à un miracle de sa part. Seulement voilà ! Quelques jours avant le verdict de la Cour, le pouvoir a fait courir dans l’opinion une rumeur selon laquelle 5 ou 6 des 9 juges seraient favorables à Jean Ping. Mais, en fin de compte, c’est à un déni de justice et à une grande manipulation de la vérité sortie des urnes que nous avons assisté.

De ces neuf hauts magistrats, on ne parle surtout que de Mme Mborantsuo, à cause de ses liens évidents avec les Bongo. Moi, sans faire l’avocat du diable, je dis que tous les neuf magistrats ont trahi le peuple gabonais. Aujourd’hui, beaucoup de membres de la famille Bongo sont dans l’opposition et ont été bien accueillis par des patriotes gabonais qui se battent pour la libération de notre pays. Nous avons tous visionné l’émouvante vidéo des filles Mpouho Epigat dans laquelle elles faisaient, tout sauf l’éloge de la dictature que leur famille fait subir aux Gabonais depuis cinquante ans bientôt.

Afriquita Agondjo, Mborantsuo et les autres ont choisi leur camp, un point c’est tout ! Demain, ils auront tous à répondre de leur crime devant le tribunal de l’Histoire. Oui, c’est un crime imprescriptible que de participer à la prise du pouvoir en versant le sang, par la ruse ou par le terrorisme d’Etat.

Les neuf juges de la Cour constitutionnelle viennent de parachever le hold-up électoral qui impose, une fois de plus, Ali Bongo au pouvoir. Aucun membre de la Cour constitutionnelle n’a, à ce jour, démissionné. Alors « qui ne dit mot consent », n’est ce pas ? On a déjà vu, sous d’autres cieux, des membres des Cours ou conseils constitutionnels démissionner suite à certains désaccords.

Séraphin Moundounga, Guy Nzouba Ndama et bien d’autres compatriotes ont bien abandonné des privilèges qu’ils avaient dans d’importants pans de l’appareil d’Etat pour rejoindre l’opposition et s’exposer à la violence de l’appareil répressif du pouvoir.

A propos du dialogue proposé par Ali Bongo. Il faut d’abord dire qu’Ali Bongo n’a jamais été un homme de dialogue. Depuis sa prise de pouvoir par la force en 2009 jusqu’à la veille de l’élection qu’il vient de perdre en 2016, il a toujours opposé une fin de non recevoir à toute idée de dialogue.

Aujourd’hui, alors que le monde entier sait que c’est Jean Ping le vrai vainqueur de l’élection présidentielle du 27 août 2016, il nous sort cette idée de dialogue national et de gouvernement d’ouverture qui ne sont que ruses pour se maintenir au pouvoir.

Omar Bongo Ondimba s’est maintenu au pouvoir quarante-deux ans durant en utilisant les mêmes ficelles. Quarante-deux ans de despotisme au cours desquels nous avons vu des vertes et des pas mûres.

Après ce que la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap) et la Cour constitutionnelle viennent de nous montrer, si nous nous faisons, une fois de plus, avoir en allant cautionner la forfaiture, le hold-up électoral permanent, la politique du fait accompli, etc., dans un dialogue « façon-façon » ou en acceptant des strapontins dans des « gouvernements maboules », le peuple gabonais ne nous le pardonnera pas.

Cependant, la Communauté internationale nous dit que l’élection présidentielle du 27 août 2016 n’a pas été gagnée par Ali Bongo. En langage non diplomatique, on dira que Monsieur Ali Bongo a volé l’élection ; que les recours n’ont pas permis de lever tous les doutes. Et, en même temps, cette même Communauté internationale lance des appels au dialogue entre le peuple gabonais et le président voleur.

Comment pouvons-nous accepter de nous mettre autour d’une table avec quelqu’un qui fait assassiner et enlever ses compatriotes qui manifestent les mains nues ?

Ali Bongo a donné l’ordre à son armée d’attaquer le QG de Jean Ping à l’arme lourde. Ali Bongo est responsable du massacre de plusieurs dizaines de Gabonais dans la nuit du 31 août au 1er septembre 2016. Plusieurs dizaines de nos compatriotes croupissent encore injustement dans les geôles de Bongo et y subissent des sévices innommables. Depuis plusieurs semaines, Monsieur Ali Bongo a coupé Internet et tous les réseaux sociaux. Tout ça est inacceptable !

L’idée de la tenue d’une Conférence nationale souveraine (CNS) au cours de laquelle toutes les questions devraient être mises sur la table, y compris celle de faire la lumière sur la vérité sortie des urnes à l’élection présidentielle du 27 août 2016, devrait être mise sousla facilitation de l’Onu ou de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Cette idée, parmi tant d’autres, peut être une des pistes à explorer en vue d’une sortie de crise de notre pays.

Enfin, je vais, pour une fois, être d’accord avec le ministre de la Justice d’Ali Bongo. Nous allons tous porter plainte à la CPI pour faire la lumière sur les massacres consécutifs aux manifestations politiques au Gabon depuis 2009. Et nous saurons enfin la vérité sur  les personnes qui donnent l’ordre aux forces de défense et de sécurité de tirer àballes réelles sur de pacifiques manifestants. Il faudra que la lumière soit faite sur les massacres de Port-Gentil du mois d’octobre 2009.

Qui a tué Mboulou Beka ? Et les autres crimes politiques non encore élucidés ?

Pour conclure, nous devons organiser la résistance pacifique pour vaincre la dictature des Bongo et ne pas céder au découragement. Depuis le 27 août 2016, les Gabonais sont déterminés à prendre leur destin en main et je suis sûr que rien ne sera plus comme avant dans ce pays tant que la dynastie des Bongo continuera à prendre notre pays en otage.

Est-ce qu’Ali Bongo ne voit pas que plus quatre-vingt pour cent de Gabonais le détestent ? Mais, franchement, comment compte-t-il gouverner un peuple dont l’écrasante majorité le rejette ? Par la force et le mensonge dans les médias d’Etat ?

Peut-être. Ali Bongo, comme tout bon dictateur, finira sûrement dans les poubelles de l’histoire. Ce n’est qu’une question de temps !

Ali Bongo serait entré dans l’histoire par la grande porte si, au soir du 28 ou 29 août 2016, quand toutes les tendances sorties des urnes donnaient Jean Ping vainqueur, il avait décroché son téléphone pour appeler ce dernier pour reconnaître sa défaite et le féliciter. Il aurait fait son entrée dans la cour des grands. Mais, hélas ! La grandeur d’esprit n’est toujours pas la chose la mieux partagée dans ce monde,surtout pas par des personnes assoiffées de pouvoir et des privilège qui s’y rattachent.

Nelson Mandela Madiba devrait, de là où il se trouve, envoyer un peu de sa lumière à ces malades qui nous gouvernent.

Dr Alphonse Louma Eyougha

Vice-président du parti Les Souverainistes écologistes

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